La carte du tendre
mysteriousme
Trop de questions.
Trop de timidité.
Et si je meurs demain, elle ne saura pas la douceur de ce que j'éprouve pour elle.
Elle m'a beaucoup parlé par texto.
J'ai peu répondu.
Pas de temps.
Trop de boulot.
Trop perdu.
Brouillé. Même embrouillé.
Je ne sais pas si je la désire à la folie ou si je la trouve trop fragile pour en prendre soin comme on prend soin d'une plante offerte un jour de printemps.
Je ne sais même pas comment elle prend mon absence. C'était tellement bien les moments passés avec elle récemment.
Je ne la connais même pas !
"Mais bien sûr que si, tu la connais. Depuis toujours. Dans tes rêves." comme dirait un personnage dans je ne sais plus quel film.
Qu'est-ce qu'elle peut bien faire à cette heure-là ?
Lui fais-je peur ? Mon austérité et ma rigueur sont-ils perceptibles sous les couches de complicité et d'humour dont je me pare en sa compagnie ? J'aime le dépouillement. Je ne suis qu'un vecteur humain d'énergie parmi une fourmilière géante d'énergies.
Pour en revenir à elle : je me demande si elle n'est pas en train de brouiller les pistes, de mélanger les genres, exprès pour que je m'embourbe dans mon propre tumulte.
Que cherche-t-elle ? Y'a-t-il une réciprocité ? Serait-ce possible enfin ? J'ai très envie d'y croire. Mais est-ce que la réalité sera vraie ? Pf... Et qu'est-ce que la réalité, de toute façon ? Qu'est-ce que ma réalité avec ou sans elle ? Sans elle, j'en ai une idée assez précise. Avec elle, je n'en sais rien. Ai-je peur ? Est-ce que c'est juste ça qui me fait peur ? L'intégrer à ma vie comme on incorpore des copeaux de chocolat à un gâteau ? On ne sait jamais le goût, la saveur, la texture, le moelleux, l'odeur du gâteau et encore mois le souvenir que l'on en gardera...
Au fond de moi, tout semble lourd et pesant comme le temps orageux d'aujourd'hui. J'aimerais me décider, et être sûr de ne jamais la casser, que l'équilibre reste au beau fixe de longues années. J'aimerais aussi me protéger et ne pas souffrir comme Sophie a pu me faire souffrir il y a quelques temps.
Ce qu'elle ne sait pas, c'est que si je suis venu jusqu'ici, c'était non seulement pour me désenclaver de l'emprise de ma famille, mais aussi par amour... Par amour pour Sophie. Misérable Sophie. Misérable moi. Tout cela est du passé. J'ai mis du temps à pardonner, à tirer le fameux trait sur la page griffonnée de notre amour. Maintenant, elle est déchirée et au feu, cette page. Mais parfois, des cendres remontent à la surface et viennent pourrir mon-si-précieux-moment-présent.
J'ai quelques indices sur elle et un ex, d'ailleurs, avec qui elle a vécu un certain temps. Et puis patatras... C'est amusant. Ca me rappelle une histoire. Ca me rappelle Sophie. Sous des apparences parfaites, on a l'air bien cabossés tous les deux...
Mais en ce moment (et dorénavant ?) comment dire... J'ai envie de vivre, de vrombir, de vibrer, de butiner son cou, de la faire chavirer, de la faire rire, de caresser le bout de son nez, de la regarder droit dans les yeux, de l'embrasser... Et pourtant, rien ne se passe. A part dans ma tête où je garde des souvenirs des mini événements qui se sont passés. Comme quand on regardait les albums photos étant petits chez GrandPa.
Chaque chose en son temps, certainement. La patience est tout, parait-il. L'étincelle s'allumera peut-être la prochaine fois au même moment chez elle et chez moi. Mais quand ? Merde ! C'est quand la prochaine fois ? Faut que je me décide, avant que ça sente le pétard mouillé !
J'aimerais la surprendre et venir à l'improviste à l'un des événements auxquels elle m'a convié. En ai-je vraiment envie ? Je n'arrive pas à identifier ce qui me freine. La revoir ? La revoir dans un cadre professionnel ? Ah, ça, elle sait faire "balader les gens" de gauche à droite et de droite à gauche. Est-ce qu'elle me manipule ? Est-ce qu'elle me mène par le bout du nez ?
Pourquoi les sentiments, l'amour et tout le merdier c'est toujours aussi compliqué ? On ne sait pas mettre les bons mots. On se sent tout chose. On pense beaucoup trop en oubliant ce qui est devant nous. On a envie, puis on fait trois pas en arrière dans un fossé d'incompréhensions et de blabla inutiles alors que ses lèvres étaient là, juste là, face aux miennes, il y a 5 minutes, 3 jours, 20 ans... Toujours ces doutes, ces affreux doutes qui m'assaillent et me plient le ventre.
Peut-être un jour. Mais quand ?