LA CEREMONIE EN TERRE INDIENNE

Nadia Esteba

LA CEREMONIE

J’avais perdu le remontoir du Temps. Le temps figé, faisait sa tête de mule. Une bulle irisée, un talisman, par une intelligence magique, se voulait messagère et m’emporta en rêve. Elle avait sûrement une mission .Elle était silencieuse mais nous communiquions par médiumnité. Nous avions déjà vu la Mongolie, l’Asie ; frénétique et volontaire elle voulut m’amener voir une cérémonie en terre indienne. Nous fûmes invités à la danse aux pas légers. Certains fumaient le calumet, d’autres, en habit traditionnel de cuir retourné, m’invitaient. Des rémiges splendides ornaient leurs cheveux. Les femmes étaient là aussi, prenaient ma main ; leurs mains effilées, parcheminées justement avaient un toucher, particulier et je m’en souviens encore. Comme si elles nous reliaient à l’INFINI, aux premiers matins du monde. C’était comme si le soleil brillait dans la nuit ; il y avait une magie une communion, nous étions transpercés de l’énergie euphorisante, molécules scintillantes, venant de l’univers.

Unissant les hommes, au coeur offert, bras levés pour une danse, celle de la terre sacrée,elle tournait, tournait, la ronde des grands brasiers ; nous martelions la prairie de la pointe légère des pieds ,les miens étaient nus, verts, pleins de la sève des herbes ; eux portaient des mocassins à lacets et franges ; à leurs poignets, tintinnabulaient des bracelets ; bras levés en hommage au Soleil la danse exprimait un amour au son des tambours tendus de peaux de bêtes. Elle tournait la chanson du vent, murmurant un grand Nom, un Nom qui se propageait par les voix démultipliées d’un l’écho, l’atmosphère résonnait et les voix nous entouraient revenaient dans les quatre directions un ping pong sonore des quatre points cardinaux, d’infrasons et d’incantations ; c’était l’inoubliable cérémonie des émotions .

Dans le sol frappé, le la, les si les ho, les esprits nous ont unis ; ceux des loups, abeilles, bisons. « Au ciel, sont nos ancêtres, dans les couleurs étales du couchant, se voient les luttes sanglantes, les rouges et orangés s’étirent ; mais les hommes dansent c’est l’exutoire aux sentiments qui font pleurer les nuages. A la terre on dit pardon, le remords ou la peine ? » Par cette prière Elle courait, courait, l’eau des rivières . Une averse bénéfique s’est mise à tomber. De cristal était la musique de pluie. Le calme est revenu. Dans le parfum le chant des prairies, tournoyaient les aigles sacrés. « être de foi est l’oiseau, il chante avant la lumière». La bulle câline est venue se recroqueviller dans ma paume en forme de nid. Des peintures à l’eau, d’ocres rouges et jaunes, des signes s’y étaient incrustés. Le vide est plein de rêves. Je les ai chevauchés sans trêve, en recevant le baiser des étoiles.



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