La chasse

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Une journée a la chassE

   Aujourd’hui Prospère chasse. La chasse c’est sa passion. Cela fait maintenant quarante ans que Prospère chasse et il est doué, ses amis disent même que c’est le meilleur : “L’ Prospère ? te dieux ! c’est qu’il est bon l’ gars !” comme ils disent là bas…

Pourtant, malgré le soleil radieux, les fleurs multicolores et le chant des oiseaux au loin, Prospère ne trouve pas la moindre petite proie à chasser dans la “Forêt des bois jolis” . Après une bonne heure de battue intensive Prospère décide de se reposer. Michel, son chien, n’est pas contre : “ Ah ! L’Michel ? te dieux c’est qu’il est vieux l’bestio !” comme ils disent là bas…

   Cela fait un bon moment que Prospère, appuyé sur un gros chêne, boit, quand soudain, attiré par des bruits suspects, il grimpe la petite butte qui donne sur la “ clairière des jolies fleurs”. Prospère n’en revient pas, tous les animaux sont là, gaiement ils jouent ensemble, ils sont là, sous le soleil, ils sont tous là! Les lapins, les biches, les sangliers ; Prospère aperçoit même quelques hiboux.

Prospère n’en croit pas ses yeux. Seulement, avec son seul fusil, il n’arrivera à rien. Il court alors jusqu’à sa camionnette récupérer toutes les munitions qu’il peut porter sur lui. Il récupère aussi trois vieux pièges à loups.

Avec la plus grande discrétion, notre chasseur installe les pièges à ce qu’il appelle “les points de fuite logique”; il retourne ensuite sur la bute, charge son fusil et discute un peu stratégie avec Michel.

   Il est prêt, fusil chargé, tapi dans les taillis, il se prépare à faire un “carton”.Prospère a les mains moites, il transpire et l’idée de gâcher ce moment de bonheur le fait ricaner.

Ça y est! Il se dresse d’un coup.“Attaques Michel !” hurle-t-il ;  il tient en joue un petit lapin qui, d’un air apeuré, le montre du doigt. Il appuie sur la gâchette, aussitôt, le crâne du petit lapin éclate, éclaboussant un chamois et un élan. Il a l’impression de tous les entendre hurler d’horreur. Un des hiboux a le dos tourné ; il ne rate pas l’occasion, et d’une seule cartouche, lui explose le cœur . Michel, lui, s’est trouvé un autre petit lapin à qui il a déjà arraché un morceau. Prospère descend de la butte en rechargeant son fusil. Un grizzly lui fonce dessus ; par réflexe, Prospère lui brise la nuque avec la crosse de son fusil. Une biche et un bouquetin sont très proches ; Prospère a juste le temps de viser la biche, il tire. La cartouche rentre par l’œil gauche de la biche et ressort derrière sa tête pour aller finir sa course dans le cou du bouquetin qui tombe au sol dans une gerbe de sang.

Le temps que Prospère constate que ses pièges à loups ont bien servi, un lapin d’une taille incroyable lui saute dessus, le précipite à terre et essaye de lui retirer son fusil. Heureusement Michel le repère à temps et bondit au cou du lapin géant, ce qui permet à Prospère de lui loger une balle dans la cervelle.

Le temps qu’il se relève le reste des animaux avait pris la fuite. Il tire une dernière cartouche pour achever un chevreuil se tortillant de douleur dans un des pièges.

   En rentrant, il se dit que finalement, la journée n’avait pas été si mauvaise. Il avait gardé deux lapins, dont le gros, et le chevreuil. La camionnette était trop petite pour emporter le reste.

   Le lendemain, La une des journaux titre :“Massacre «dans la forêt des bois jolis» ”. L’article commence ainsi :“ Dimanche en pleine après-midi, un chasseur vraisemblablement ivre, selon les témoins, aurait ouvert le feu sur une dizaine d’adultes et d’enfants tous réunis et déguisés à l’occasion du carnaval des animaux de la forêt. Le bilan fait état de six morts et trois disparus … ”

   “ L’carnaval des animaux de la forêt ? ‘sont cons d’le faire pendant la  période d’la chasse aussi !! ” comme ils disent…

FiN