La chute (2)
petit-scarabee
La fin de l'enfance, ou comment dirai-je, la mise à mort de ce qui pourrait être assimilé à une période prélapsaire ? Que s'est-il passé ? Comment l'expliquer ? Disons que cela fait partie de notre condition humaine. Arrive un moment où l'euphorie de nos jeunes années se ternit, s'amoindrit ; où les vives couleurs qui animaient les mondes, car oui il y en avait plusieurs à cette époque, deviennent fades, insipides, inexpressifs. Les mondes ne deviennent alors qu'un monde, une vie, une simple existence. On comprend alors le poids de la condition humaine. Seul, solitaire, esseulé tu resteras, même accompagné, au fond de toi. Bien sûr me diriez-vous qu'il ne tient qu'à moi d'ajouter de la couleur au tableau de ma vie, de multiplier mon monde en des mondes plus vastes en un univers entier s'il le faut, que je suis bien sinistre que je n'ai pas à me plaindre que je dois bien sourire. Moi aussi j'aurais aimé, en allusion à l'âge adulte, parler en éclats de rire et dire que tout va bien que tout ne pourra qu'aller en s'améliorant.
Ce que je déplore c'est la perte d'un esprit nouveau qui pouvait s'étonner des choses les plus anodines, s'émerveiller devant les choses les plus ordinaires. Ce que je déplore c'est la perte d'une imagination qui à elle toute seule pouvait créer les choses les plus exquises. Je déplore l'espérance qui tous les jours nous rendaient insouciants, intrépides sans craintes pour le futur car nous ne pouvions qu'être meilleurs toujours et encore. Aventuriers, héros, princesses et conquérants, libérateurs, résistants, agents pour la justice et l'égalité nous ne pouvions qu'exister pour sauver le monde, pour le rendre meilleur ou pour l'enchanter. L'échec ne pouvait pas se profiler à l'horizon. On nous disait trop jeunes, trop petits, trop chétifs et si inexpérimentés. Mais pourtant nous nous battions dur comme fer jour après jour déclarant la guerre à la soumission à l'acceptation et nous croyions réellement que nous allions changer les choses. On a eu beau nous dire attention tu verras demain tout cela te semblera bien lointain et en guise de réponse à nous de rire au nez de ceux qui proféraient de telles absurdités. On nous traitait d'insolents, de voyous, d'utopistes mais cela nous importait peu car rien ne valait mieux que nos rêves affranchis, notre espérance et notre imagination. Nous étions les enfants de demain qui jamais ne périraient. Mais pourtant que s'est-il passé ? On ne nous l'avait pas dit, seulement sous-entendu, que tout allait changer à l'heure de la résignation, de la désillusion, du désenchantement. Je ne voyais pas les choses ainsi, je ne le voyais pas comme ça, je ne me voyais pas comme ça. Je ne pensais pas que tout deviendrait si gris et que pendant cette période de convalescence rien ô grand rien n'y pourra changer les choses car la chute, mes amis, fût fort bien douloureuse.
Nous avons tous eu cet espoir étant jeune et ayant la vie devant nous. J’étais persuadé un jour de pouvoir être une rock star, un peu plus tard, de pouvoir donner un nouveau souffle à une écologie mondiale, ... grand fou que j’étais ! Mais déjà le temps a passé et aujourd'hui j'espère juste ma retraite et une fin de vie pas trop cruelle pour pouvoir encore me souvenir de mes jeunes années ;o)
· Il y a presque 6 ans ·daniel-m
La fougue, l’élan de la jeunesse qui fait vivre insouciant au jour le jour la vie comme s’il en était le dernier. Cette spontanéité nous quitte tous, plus ou moins vite. J’ai connu une enfant de 25 ans qui l’avait encore préservée, malgré son grand âge. :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
Cette enfant de 25 ans a bien de la chance ! J'espère tout de même que cette fougue ne disparaît jamais entièrement, il nous faut la préserver j'en suis convaincue :)
· Il y a presque 6 ans ·petit-scarabee