la chute des corps

franzzzz

la chute des corps... dans une mine...

Dans ce décor, nichent des corps le long de corniches.
Des corps, des corsets et des corps serrés, les uns contre les autres.
Le monte charge descend comme si la cordée volait Loin, loin sous terre

Unis dans la chute des corps,
Des corps d'âge et des corps hors d'âge aux mains caleuses de corne,
partout, des corps de corsaires, uniformes bleus raides,
des corps s'aident et d'autres corps saignent à la recherche de minerai, de  licorne.

Encore une journée au frais.
Le monte charge descend comme si la cordée volait loin, loin sous terre.

 A  corps perdu, les corps pendus par le câble pas même encore en bas
voilà que leur corpus scrute le moindre corpuscule.

Loin Des corps à corps, des corps célestes que d'autres corps dévorent,
Le monte charge descend comme si la cordée en voulait encore

Comme si elle en voulait des charettes à bras, à bras le corps
des outils que les corps y tiennent
et des griffes qui font que la montagne cède.
La mine les possède corps et âmes
De leurs ongles de quartz jusqu'à leurs ombres noires.

A la surface Des corps mourant et des corps soignés.
Des corps, d'autres corps, décortiquent des corticoïdes.
Des corps étrangers se chargent des corvées, des corps vides,
des corps vidés  d'avoir déchargé les wagons des corvettes

Les derniers corps les encouragent penchés le long des garde corps.
Eux avant que leurs corps ne rompent, leurs corps rampaient, leurs corps rodaient près d'autres corps au bord de l'érosion.

A ciel ouvert des corps nus, des corps à peine nés
accouchés de corps usés  crient d'avoir déjà trop souffert.
Parfois les naissances ont des corons pour décorum
là même où reposent les corps honnêtes de ces honnêtes hommes

A la mine c'est Des corps repris et des corps donnés
dédiés aux corona, des pleins des liés,
des « corronès » pleines et des artères bouchées
destinées au coroner.
Enfin des corps, des corps aux nerfs d'acier.

Des corps d'écorce, des corps bizarres
des corps flexibles jusqu'au corbillard
et puis Les corps des gosses
mais ici les corps beaux jamais longtemps ne le restent.
Des corps que des scories blessent, et la peau que les corps y laissent.

La nuit Des odeurs néoprène
soude des corps collés auprès
de coléoptères collés après
la lumière que le néon prête.

Parmi les formes informes des doryphores,
la nuit enfin leurs corps s'endorment
dans un sommeil de chloroforme.

Le digne repos des corps, la tête sur leurs taies grises
et la fenêtre donnant sur leur terril.
Demain le monte charge redescendra, terrible.

Etmême si ça leur fera le front pâle
au matin Les frontales
c'est un peu leur soleil au fond à
nos corps infâmes.

A corps perdu, les corps pendus par le câble
Pas même encore en bas ils creusent déjà de l'or noir,
 dehors, dessous les corsets et les corps serrés, les uns contre les autres.

Le monte charge les descendra  encore
comme si la cordée volait Loin, Loin sous terre
A la recherche du minerai licorne, les uniformes encore raides hors d'usage
comme les pattes de ce canari qui s'accrocherait à sa cage

C'est toujours comme ça : ce qui monte, doit redescendre, c'est la loi immuable de la chute des corps...

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