La chute d'un empire au creux de l'oreiller

Ferdinand Legendre


L'aiguille tape dans le rouge, je n'ai plus de réserve, assez de salive pour cracher la vérité ou bien mouiller tes doigts. Je suis deux grains au fond d'une boite de conserve, je suis un train lancé à vive allure quand de moi elles se servent, je suis l'orage, la liqueur et les toits. Il ne reste aucun loup, j'ai bien fouillé les bois, sous ma langue la verve, attrape ta cambrure, tes blessures je nettoie, mais ma douleur perdure.


Je demande poliment, tes fesses sous les néons, le bal est de ciment, la piste de béton. Brutales sont les tours, difficiles sont les jours et les nuits trop timides.

Je ne sais pas danser, je fais bouger les meubles, parquet couvert d'essence, du sang pour le rincer, de la sueur et je beugle dans les concerts des autres.

Et tous les grands du cercle, semblent plus fort que moi, si en vain je disserte, c'est qu'essayer je dois, puisqu'il n'y a plus de toi, qu'on a buté la joie souvent dans les décombres.

Les pensées sont les mêmes, violence en récurrence, quand le lundi je t'aime, dimanche a goût d'errance et rien ne me déclenche.

L'apologie du vide, heureusement qu'elle se penche, et que ses seins décident, qu'on se remonte les manches.


Heureusement que le vice, heureusement que liquide, le futur serre la vis, de rien je ne décide, on ne fait que subir.

Ta bouche est un poignard,

fais moi lentement mourir,

Mettons la pause sur « Tard »,

On a rien vu venir,

J'ai ma langue et les arts,

Pour toujours te finir,


Et si Néron, César, Cicéron la ceinture,

Du poison, de l'émoi, des geysers de peinture,

Étreins-moi le train file, en traces et en cassures,


Fouette-moi, accroche-moi aux barreaux, je veux me réveiller,


J'ai la chute d'une empire au creux de l'oreiller.

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