La coloaction

eymeric

fuck cette personne qui vit avec toi. 


Salope. La société patriarcale et misogyne dans laquelle nous vivons définirait ainsi ce type de femmes. Elle se définirait comme Femme Libre. Je la définirai comme OVNI. 

Je ne sais pas qui a raison. Mais par contre je sais qu'elle vit avec toi. La colocation c'est difficile, ça demande des sacrifices, et elle n'est prête à en faire aucun. Je ne dis pas que vos styles de vie sont incompatibles. Je dis qu'ils le sont pour moi. J'adore ton côté culture, ton côté esthète, ton côté libre. Mais à chaque fois que l'on veut parler d'arts ou sentiments, elle rentre chez toi pour parler centimètres. Elle ne régit sa vie que par ça : bédave et baiser. C'est les deux b qui comptent le plus dans sa vie. Elle a beau appeler ses différents mec BB elle les appelle tous pareils. Parce que pour elle, une queue reste une queue. Qui peut blâmer ça ? Elle applique aux garçons ce que la plupart des garçons appliquent aux filles. Là où ils sont misogynes, elle est misandre. Là où ils voient d'abord un cul, elle voit d'abord une queue. 

Le hic, c'est que je crois que l'on s'est trompé à la croisée des chemins. J'ai un coloc moi aussi, il adore le cul, les relations éphémères, ne se soucier que de lui. 

Connard. La société avec un brin de conscience et de bon sens définirait ainsi ce type d'homme. 

Le problème c'est qu'à cette croisée des chemins, je suis parti avec ta coloc et toi, en laissant le mien tracer sa route avec d'autres filles. D'habitude, vu que je ne le quitte jamais, les filles qui croisent notre passage, on alterne, on s'adapte. Et vous auriez été le couple parfait pour nous. Sauf que là, ta coloc est trop envahissante. Elle laisse trainer ses idées, elle fait ses affaires, elle gagne trop sur toi, trop sur nous. Sauf que ça me rend à cran d'être accro à toi. Parce que je sais que je t'habite un peu aussi, mais pas au point de te faire déménager. Du moins, visiblement. Tu refuses de renoncer à ta coloc, tu dis qu'au fond tu aimerais être comme elle, passer plus de temps avec elle, même si ça s'apparente à flirter avec Hell. Well done, habites donc, je m'abriterai. Ça m'irritera mais ça t'ira. Malgré tout on sera attiré, et ta coloc pourra dire que sa coloc a tiré son coup pendant que tu tiendras mon cou. C'est ensuite qu'il faudra que je tienne le coup. Quand je regarderai le lit et que je verrai ta coloc et toi bras dessus dessous. Elle te touchera les cheveux en me regardant d'un air moqueur et vainqueur, pendant que tu n'auras aucune émotion dans ton regard. 

Et la motion capture ne servira à rien, j'arriverai jamais à retransmettre virtuellement ce que tu es réellement. Mais elle ment ta coloc, enfin je rêverai de pouvoir te le prouver, mais qui suis-je pour faire ça ? Puis rejeter sur ta coloc ce que je n'arrive pas à assumer c'est lâche. Je pense qu'en fait je vous aime toutes les deux, mais je la déteste un peu plus elle. Non pas pour ce qu'elle est, mais pour ce qu'elle m'oblige à être. Je crois que pour la première fois je ressens un sentiment de jalousie. Ça s'explique la jalousie ou c'est l'essence même de l'irrationnel ? Je n'en ai aucune foutre idée, mais je ne veux pas que ça me pousse à avancer. Jusqu'ici le besoin de reconnaissance était mon essence et mon pot crachait du foutre. Sauf que sur cette route sur laquelle je me suis embarqué avec vous deux, j'ai garé ma voiture croyant trouver une place à tes côtés. Du moins je me sentais mieux quand je marchais à pied avec toi hors des sentiers battus que lorsque j'étais dans ces embouteillages coincés avec tous ces gens. Mais ta coloc elle, faisait pire que ça. Si j'ai voulu entreprendre une autre route, elle voulait carrément inventer la sienne. D'un coté je l'admirais car au yeux de tous ceux empruntant la route principal, elle était du cyanure, le cancer de la société bien pensante et puritaine, mais elle s'en foutait. Elle s'assumait en tant que « putain des bois », comme ils aimaient le dire. 

De l'autre, je l'aimais pas trop, elle m'obligeait de constater que j'étais un lâche, que j'assumais pas de la respecter devant la société. Puis j'étais pas différent à ce point et c'est ça qui me gênait. J'avais peur qu'elle t'entraine dans son sillage, que la branche de notre relation soit scié, si tôt que ça. Et même si l'âge où je fuyais mes peurs est terminé, ça m'empêchait pas d'être si lâche au point d'accélérer afin de provoquer une sortie de route. 

Mais qui dit sortie de route dit accident. Moi j'avais un excédent de nervosité à votre égard, à ton égard. J'étais déjà passé au péage et ça m'avait coûté. En général quand tel est le cas, mon coloc est avec moi et trouve différents subterfuges afin de ramener de l'argent pour payer et encaisser le coup. A cause de toi je l'avais perdu, j'avais fait le choix de le mettre en parenthèse vers la fin. Les filles que fréquentait mon coloc ont cru qu'il les laissait en suspens, elles ont donc disparu aussi avec toutes leurs interrogations. Aujourd'hui je m'exclame de ça quand je vois que tout notre petit truc a pris un point final et que je me retrouve blessé et dans l'incapacité de payer le péage pour passer à la prochaine épreuve. Je veux dire la prochaine étape, mais le lapsus est révélateur. 

T'as pas osé te jeter à l'eau, à l'eau, à l'eau.

Mais décroche moi, allo, allo, allo ?

T'es toujours pas là à l'aube, à l'aube, à l'aube.

On me dit que je dois prendre çacomme une aubaine, aubaine, aubaine.

En profiter pour tej tous ce que j'ai en tête à la benne, benne, benne.

Occulter le fait que j'ignore si ça me fait de la peine, peine, peine.

Enterrer tout ça à l'aide de la pelle, pelle, pelle que t'as pu me filer avec tous tes râteaux.

Toi, avec elle, tu sembles te sentir comme un poisson dans l'eau, dans l'eau, dans l'eau.

Mais tu réponds toujours pas :

allo, allo, allo, allo, allo ? 


fuck cette personne qui vit avec toi. 

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