La cuisine au miel (9)
aile68
Boulot, code, recherche de travail, CV, mes journées sont bien occupées. J'ai envoyé des lettres de motivation pas très motivantes, j'ai l'impression, je verrais bien. J'avais toujours envie d'être ailleurs, de rejoindre ma marraine Violette dans le Gers où j'étais née, de trouver du travail là-bas. Je l'ai appelée, elle m'a invitée à passer un week-end. D'abord mon père a refusé puis ma marraine l'a convaincu en disant que je pourrais trouver du travail là-bas.
Retour aux sources, recueillement dans les vallons du Gers, j'ai trouvé du travail dans une usine qui fabriquait des confits de canard, et autres mets supposés être exquis, ça allait, je gagnais ma vie, j'ai mis de l'argent de côté pour plus tard. Cependant je ne vivais que pour le présent, ma marraine avait bien fait les choses, elle a organisé une garden party pour me présenter à ses amis, et à la famille, elle leur a dit que j'étais une fille du coin, que j'étais née à Auch un des chefs-lieux du département du Gers. La nature me réjouissait, les paysages, les lacs, c'était une nouvelle naissance, je m'apercevais que je ne pensais plus autant à Pierre. Pierre c'était une "non relation" toxique, une idée fixe, une dépendance affective. Je l'ai réalisé en contemplant les arbres, les forêts, en me promenant avec ma famille de là-bas. Là-bas, un mot que j'aime toujours, qui m'a aidée à me construire. J'ai mis du temps à retourner chez mes parents, dans la ville qui m'avait vue grandir, être amoureuse, prisonnière d'un garçon. Je n'avais pas envie de revivre cela, je trouvais ma force dans la campagne agricole, les fermes avec les oies et les canards, la verdure, les rivières. Tout cela est devenu mon royaume, mon jardin secret, mon oxygène. J'ai revu Pierre une seule fois, puis il a déménagé, il avait réussi son examen pour devenir avocat, il a bien eu raison de se consacrer aux études, et moi de partir. Quand je l'ai revu il avait quelque chose de changé dans le regard, ses lunettes étaient différentes, il avait quelque chose d'accompli, comme moi à mon niveau. Nos parcours avaient été différents, mais la vie ne faisait que commencer pour nous. Et surtout, surtout, je n'étais plus liée à lui, la liberté m'avait ouvert les bras, j'avais encore tant de choses à vivre, à accomplir... C'était comme un goût de miel qui coule dans la gorge.
FIN
Décidément, Mon parrain et ma marraine avaient une maison dans le Gers et une autre dans les Landes, j'allais tous les ans castrer les maïs et me régaler du confit d'oie ou de canard, de chouettes souvenirs!
· Il y a environ 2 ans ·Christophe Hulé
C'est fou, ça! Merci pour tous tes coups de coeur et commentaires!
· Il y a environ 2 ans ·aile68