La cuisine aubergine
Jean Claude Blanc
La cuisine Aubergine
Y'a un légume que je déteste
C'est l'aubergine violacée
Molle courgette dans mon assiette
Comme une éponge se compresse
Petit retour d'amertume
Çà fait penser aux petites fleurettes
Qui ornent les rues de la cité
Pour quelques tunes elles t'allument
Je veux parler des mignonettes
Ces policières guillerettes
Qui glissent vignettes sous ton pare-brise
Même que pour elles, c'est la crise
Des flics, on en n'a pas assez
Trait de génie de nos préfets
Faut embaucher des gendarmettes
Des demoiselles à bicyclette
On pompe toujours sur les anglais
Bobbies à nous, sont pas payés
Pour parader, philosopher
Faire régner l'ordre, c'est leur métier
Passent leur temps près des parkings
Pour voir si tout est bien en règle
Dépassée l'heure, ou oublié
D'alimenter son composteur
Dans ma cité, ex-minière
Dès qu'est passée une certaine heure
Va pas moisir, place Marengo
Tu risques de prendre un coup de couteau
Finissent leur job, à 18 heures
Un peu de répit au porte-monnaie
Pose ta caisse sans casquer
Les aubergines sont au foyer
Les aubergines on les appelle
Pourtant n'ont rien d'hôtesses d'accueil
Des aubergistes, elles ne retiennent
Que note salée, le tiroir-caisse
Seule différence avec les keufs
Elles n'ont pas d'arme de service
Au ceinturon, un nerf de boeuf
Est suspendu l'air de rien
Elles déambulent fièrement,
Talky-walky bien en éveil
On est en guerre, pas déconner
D'ordres cadrés, faut les briffer
Carnet à souche, dans poche arrière
Si tu resquilles, te rebiffes
Elles dégainent en un instant
Et puis te tendent ton amende
Combien çà fait, c'est pas la ruine
T'en passerais bien, pas que çà à faire
Assidues à leur magistère
Tu payes de suite, ou c'est plus cher
Y'a des nénettes qu'ont rien à faire
Des divorcées, des femmes amères
Qui sollicitent Monsieur le Maire
Pour un boulot peu ragoutant
Plus de bagnoles dans la ville
Slogan actuel, pour faire plaisir
Aux bienveillants écologistes
Jamais en retard d'une sottise
Alimenter pompe à finances
Combler le trou de nos dépenses
Solliciter, pressuriser
Le blaireau de base, est surbooké
Rien de génial, dans ce turbin
On fait la trogne, on sème la grogne
On entrechoque les citadins
Les donneurs d'ordres se dérobent
Rendre responsables les citoyens
Tricheurs, rêveurs, réprimés
On se croirait au catéchisme
L'Etat prodigue, guère magnanime
La nuit tombée, c'est le rodéo
Voitures garées en double file
Les sauvageons font leur cuisine
A l'horizon, plus d'aubergines
Toujours les mêmes qui dégustent
Ceux qui la ferment, et obéissent
Çà sert à quoi de la ramener
Consommateur est vache à lait
Mais c'est une autre paire de manche
D'appréhender, les violences
Les désoeuvrés et les camés
Y'a plus personne pour s'y coller
Tu parles d'une humanité
Egalité, me faites pas rire
Plusieurs façons de conjuguer
La loi est faite pour les naïfs
A sens unique, comme le ruisseau
On ne tape que sur les gogos
Bien sûr qu'on nous prend pour des veaux
La liberté part à vau l'eau
Les majorettes de la République
Huit heures pétantes, prennent leur service
Alignent PV et réprimandent
Les pauvres gus sans défense
Dès que je pourrai, me tirerai
Loin des miasmes de la cité
Les jupettes de nos fliquettes
De mes montagnes les materai
Femme légume qui poirote
Je t'envie pas, faut faire du chiffre
T'as des enfants à faire manger
A même enseigne, on est logés
On t'a baptisée aubergine
Mais moi je préfère Pervenche
Çà donne saveur de lavande
Vacances, Provence, même que çà rime
Dans les garigues je m'imagine
JC Blanc décembre 2022 (citoyen fliqué, vache à lait de l'Etat)
Hommage à Gainsbourg : « Poinçonneur des Lilas »
Justement, comme les poinçonneurs, les aubergines sont remplacées par de boites privées,avec leur bagnole type Google Earth, qui moissonnent au quart de tour tout type d'infraction.
· Il y a presque 2 ans ·La facture est envoyée directement aux contrevenants, on arrête pas l'progrès!
Christophe Hulé