La cybernétique du quotidien
Gérard Suret
Sommaire
Introduction
Comment ce livre est organisé
Première partie: la cybernétique est partout
Deuxième partie: la cybernétique sociale
Troisième partie: la cybernétique du signal utile, les connaissances
Quatrième partie: piloter en «connaissance de cause»
Cinquième partie: annexes
Première partie: la cybernétique est partout
Généralités
Chapitre 1: qu'est-ce que c'est?
L'art de piloter
L'équilibre
La rétroaction
L'information
La mémorisation
La régulation
Chapitre 2: la cybernétique du vivant
Les disciplines du vivant utilisent la cybernétique
Biologie
Neurosciences
Famille
Philosophie
Psychologie
Création
Écologie
Notre cybernétique personnelle
L'apprentissage
L'interprétation
Chapitre 3: l'association, l'humanité
L'aventure de l'hominisation
L'environnement
Les limites et interfaces
La mémoire
Le régulation
La structure Les acteurs (agents)
Les flux
Mais qu'est-ce donc que nous devons réguler?
Un processus, une chaîne d'échanges
d'actions
de décisions
de moyens théoriques organisés (méthodes) et pratiques (outils)
de projets
de principes d'action
Chapitre 4: le développement, nos combats
Construction personnelle
Processus et structuration
L'environnement et ses limites
Information et énergie
Existence
Deuxième partie: la cybernétique sociale
Chapitre 5: les croyances et religions
Un monde informationnel
Mais aussi des structures ...
… une régulation …
… beaucoup de mémoire …
… des acteurs énergiques …
Dans un environnement complexe
Chapitre 6: l'entreprise, l'économie
L'entreprise
Une hiérarchie informative
Une structure adaptable …
… « facilement » modélisable
Une double énergie
L'économie
Idéalisation du compteur
Une régulation sans régulation
Retour vers le désordre
Chapitre 7: systèmes sociaux
La course aux modèles
Un environnement capricieux
De plus en plus instables
La fidélité du changement d'échelle en question
Tous connectés
Chapitre 8: la gouvernance
Des définitions différentes et des dérives
Solution ou problème
Réintégrer les causes
Troisième partie: la cybernétique du signal utile fourni par la connaissance
Quand les sciences n'étaient que des arts cybernétiques
Chapitre 9: dures
Classiques
Santé, médecine et pharmacie
Planétaires et au delà
Technologies classiques
Technologies émergentes
Chapitre 10: probables, pile ou face
Sciences sociales
Sciences humaines
Placebo
Chapitre 11:
Savoirs
ignorance
Obscurantisme
Chapitre 12: prothèses et intelligence artificielle
Prothèses
Physiques
Mentales
Cyborg
Intelligence artificielle
systèmes Expert
IA
Robots
Quatrième partie: piloter en «connaissance de cause»
Pourquoi avoir abandonné une voie aussi prometteuse? Le complexe est plus que compliqué. La complication est plus simple à résoudre.
Chapitre 13 Confusion des moyens et des fins
au profit de la technologie
au profit de la «liberté»
de l'apprentissage
de la mobilité
de la virtualité
Chapitre 14 Les véritables lacunes de la cybernétique
Le signal
la falsification permanente de l'information
contrôle et contrôleur
La régulation
la priorité de la commande sur l'effet
une base nécessaire mais insuffisante
le manque d'autonomie
Chapitre 15: la cybernétique de la cause
L'auto-ré-organisation, la lutte contre la divergence et le désordre
Rappel
Les causes initiales
Les causes finales
Agir simplement
L'autonomie
la liberté de choix
liberté d'association
liberté d'apprendre
pilotage aux limites
modestie dans l'activité
Chapitre 16: Les facteurs de l'auto-ré-organisation, le temps, la volonté, l'espace
Questions à se poser
pourquoi un besoin de régulation?
le régulateur est-il suffisant pour traiter les variations extrêmes quel contrôle représentatif
nature du message de contrôle, conditions d'émission et de réception
Et si la solution consistait à supprimer
le contrôleur
le pilote
Quelles répercussions
sur notre entourage
sur notre quotidien
Cinquième partie: annexes -
regard sur les systèmes en général
histoire de la cybernétique
comment ça marche un peu plus en détail
Première partie: la cybernétique de notre quotidien
Pourquoi cette restriction au quotidien? Parce cette science facilitant l'explication des systèmes complexes s'est heurtée au mur de son application limitée (pour l'instant) face à une ambition illimitée. Impossible de savoir si les résultats synthétiques sont toujours les plus pertinents. Elle a d'abord été déclassifiée (incluse dans la science des systèmes) en moyen d'analyse avant aujourd'hui d'être revivifiée par l'intelligence artificielle et la robotique. Ces hauts et bas ne doivent pas nous décourager de nous en servir pour trouver quelques repères utiles au quotidien.
Chapitre 1: qu'est-ce que c'est?
C'est l'art de piloter un ensemble en utilisant des sous-ensembles qui se contrôlent et se corrigent eux-mêmes. On parle :
- d'automate, chargé de la régulation interne,
- de cybernétique, qui prend en compte les variations de l'environnement,
- de seconde cybernétique, qui tente de réorganiser le système, quand les deux premiers sont déficients.
Notre cerveau sait jouer tous ces rôles.
Simplement , c'est la boucle de droite quand la réponse à la question plus générale « Ça va, ça convient, c'est satisfaisant, ... » est NON. Il n'est pas rare de ne rien bouleverser par crainte du pire. La cybernétique nous permet de le faire dans les meilleures conditions. En améliorant le processus grâce à un dispositif facilitant le changement.
En contrôlant ce qui ne va pas
En transmettant l'écart constaté avec
ce qui est souhaité
En modifiant l'effet indésirable le
plus paisiblement possible
Notre pilotage d'homme a un but vers lequel notre propre cybernétique nous ramène inlassablement. Comme le GPS de chacune de nos actions. Mais contrairement au GPS, l'objectif n'est pas un point précis. La cybernétique consiste à émettre et utiliser des signaux, des informations capables de maintenir à la fois notre stabilité (comportement) et notre trajectoire (orientation) en même temps que notre équilibre. Cela pour rendre notre action efficace.
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L'équilibre aussi appelé homéostasie, n'est pas un choix, c'est une nécessité. Équilibre de nos fonctions vitales, équilibre de nos relations avec les autres, équilibre avec la nature, équilibre de nos intentions entre fins et moyens. Notre devons notre stabilité corporelle à nos yeux, à nos oreilles ainsi qu'à nos muscles et tendons, et même à une «puce» en cas de défaillance. Le bébé, le missile, l'oiseau et l'insecte doivent faire preuve d'équilibre s'ils veulent arriver à leurs objectifs. Chaque boucle cybernétique doit être fermée pour conserver son équilibre.
La cybernétique et la gouvernance qui en est inspirée sont basées sur cette réaction à l'effet provoqué par le système. Quand notre voiture glisse, nous ne supprimons pas la plaque de glace, nous corrigeons seulement sa trajectoire. Piloter, ce n'est pas comprendre ce qui se passe mais avoir conscience du changement. Nous pouvons nous en contenter: c'est ce qu'on fait le plus souvent sans nous hisser jusqu'aux causes, jusqu'à tout remettre en question. La cybernétique de la nature ignore tout de la cause, nous, non. L'homme va encore plus loin en commençant à combiner l'anticipation du conducteur avec la réponse de son mécanisme.
Les liaisons causales (la cause qui produit l'effet) n'ont pas été connues avant la fin du moyen-âge. On confond souvent la cause et l'effet. Malgré son corps de rêve Nabilla fait un régime, ... grâce à son régime Nabilla a un corps de rêve. J'ai chaud, je me déshabille; j'ai froid, je m'habille: cybernétique de l'effet. J'ai chaud, je cherche un endroit plus frais: cybernétique de la cause. La cause est souvent inconnue quand l'effet apparaît. La cause est, soit déterminée (voulue, pas de hasard), soit probabiliste (par hasard, avec un intérêt certain pour que ce «hasard» se reproduise souvent). La régulation de ce fragile équilibre va reposer sur un moteur, la rétroaction.
La rétroaction (information active) est le cycle d'adaptation du comportement par des mesures et des ajustements aux perturbations externes. C'est le fondement de la cybernétique. Si la boucle de rétroaction (celle qui nous aide à corriger) n'existe pas, nous avons affaire à un automate, «préprogrammé» qui ne nous intéresse pas dans la condition humaine, sinon pour le dénoncer. C'est le cas des canons, des bureaucraties et des despotes, de l'ennui, de nos limites physiques également.
Pour tourner cette boucle a besoin d'informations (consignes et programme). La mémorisation (information statique) permet l'enregistrement de l'historique du fonctionnement en vue de profiter des situations passées les plus efficaces, et d'un savoir commun. La mémoire n'est pas le retour du passé, c'est la connaissance, c'est la programmation de l'expérience qui va permettre de moduler le fonctionnement de notre «régulateur ». La mémoire façonne la réalité perçue.
Le schéma montre l'importance de chacun des éléments de la boucle. Le contrôle C et le retour d'information sur le régulateur R composé de trois parties. En sortie de C, l'information codée manière contrôleur, en entrée de R, l'information codée manière régulateur. Entre les deux, le transmetteur T qui décode et recode les informations. Nous constatons qu'une porte grince (C), notre sens de l'ouïe code pour notre cerveau (T), notre cerveau code pour commander à notre moteur de corps (R) de mettre de l'huile.
Une modulation idéale doit être proportionnelle aux effets constatés (il est inutile de mettre trop d'huile), tenir compte de tous les effets (le grincement doit complètement disparaître) tout en ne négligeant aucun d'entre eux (sans oublier celui de la serrure). C'est le mode de régulation le plus courant, la régulation PID. Qui assure précision, rapidité et stabilité de la réponse régulatrice.
Nous ne sommes pas (que) des systèmes. Nous n'aimons pas être comparé à une machine, mais nous ne protestons pas quand nous rencontrons un marteau et un clou plus malins que nous.
Un système est un ensemble d'éléments interdépendants (vivants ou non vivants) tels qu'une modification quelconque de l'un d'entre eux peut entraîner des modifications chez tous les autres
C'est bien notre cas. Notre propre système assemble les mêmes sous-systèmes, que nous ayons la peau noire, jaune, rouge ou blanche. Système musculaire, tégumentaire, nerveux, circulatoire, respiratoire, … Seule une petite différence entre les hommes et les femmes concernant le système génital. Ainsi que tout ce qui en découle. Les sous-systèmes remplissent des fonctions en s'interrogeant les uns les autres. Le système musculaire aide le système osseux à se mouvoir qui lui-même favorise la circulation du sang et des aliments. Ou plus simplement la douleur ressentie après un choc qui vous signale (le plus souvent) que votre corps s'occupe de vous.
Chapitre 2: notre cybernétique
Tout être vivant est cybernétique
L'exemple le plus commun de cybernétique biologique est la régulation de notre température corporelle. Bien que notre organisme ressemble plus à un automate à deux points de consignes haut et bas (regardez vos compte-rendus de laboratoires d'analyse) qu'à de la cybernétique. Même si à l'échelle de l'adaptation de l'homme à son environnement, ces limites ont pu varier quelque peu. Les fonctions métaboliques sont de ce type pour aboutir à un équilibre énergétique. Tout aussi fondamentales que le développement des cellules en général et du système nerveux en particulier, avec des entrées (voies sensitives) et des sorties (voies motrices).
Des mécanismes de régulation à court terme, s'occupent de la distribution du sang de manière à répondre à des besoins précis. Maintien de la température, de la pression artérielle, fréquence cardiaque, force de contraction du cœur.
Des mécanismes de régulation chimiques dans le travail des reins stockant de l'eau et du sel. L'exercice physique favorise ces régulations sans lesquelles les muscles se raidissent parce qu'ils ne sont pas suffisamment oxygénés, le stress prend le dessus dans le système nerveux et le système urinaire se bloque dès que la circulation sanguine faiblit. N'oublions pas la régulation permanente que constitue la reproduction
Le fait de parler du stress dans les processus physiques nous permet d'envisager une cybernétique psychique. Assimilée aux neurosciences (scientifique) ou aux aspects moraux (philosophie) ou encore mystique (croyance), la cybernétique «détermine» notre vie quotidienne car elle lui est un complément nécessaire. Toutes les disciplines du vivant utilisent la cybernétique
Neurophysiologie et neurosciences
Les nerfs se régénèrent, la mémoire est un mécanisme moléculaire, l'ouïe et la vision se coordonnent pas seulement dans l'équilibre, des circuits plus simples compensent ceux détruits par le vieillissement, les cellules souches s'adaptent à leurs fonctions, le processus de perception visuelle conduit à visualiser une image mentale, … L'équilibre de notre corps, l'homéostasie est à base de réactions, de rétroactivations et de rétroinhibitions.
Cybernétique familiale
La famille est désormais abordée comme un système vivant, dont les membres sont en interaction (principe d'interdépendance), gouverné par un ensemble de règles communicationnelles dans un contexte aux effets multiples.
La famille se situe à un niveau d'abstraction logique supérieur (complexité) et distinct de l'individu; autrement dit, la famille n'est plus réductible à la somme des descriptions des caractéristiques individuelles des membres qui la composent.
Les comportements des uns et des autres s'influencent mutuellement, incluant les symptômes et les anomalies comportementales.
Il s'agit d'une révolution de pensée et d'action pour les thérapeutes et particulièrement en France : informations, circularité, homéostasie ou changement, feed-backs sont les nouveaux centres d'intérêts au détriment des logiques linéaires, de l'appareil psychique, de l'inconscient.
Philosophie et cybernétique sont alliées en se préoccupant
des relations entre émetteur et récepteur, ni l'une ni l'autre ne travaillant pour elle-même,
- de la qualité de ces informations,
- de celle du média,
- - de construire un monde meilleur.
La phénoménologie ausculte les phénomènes pour en saisir l'autonomie et la particularité.
La philosophie s'irrite de l'individualisme et du recentrage sur le corps qui s'écarte radicalement de l'idée d'un perfectionnement moral de l'homme. La cybernétique peut être un bon outil pour la seconder.
La philosophie naît d'une rétroaction de la pratique (Bergson)
Psychologie et cybernétique ne font manifestement pas aussi bon ménage. Partant du principe qu'un comportement «normal» est impossible à étudier du fait de la quasi infinité des solutions possibles (au contraire du film binaire Smoking no smoking), la psychologie utilise la cybernétique pour étudier les seuls comportements déviants.
Nos agents de régulation (moi, ça, surmoi pour Freud) peuvent tomber en panne ou faire la grève. Leur emballement par rupture de la boucle de régulation (appelée rétroaction positive par opposition à celle négative, requise, qui tend à amenuiser les écarts) n'est pas plus recommandable.
La névrose, même si elle perd du terrain face à l'accroissement de la permissivité, est symptomatique du refus de changer quelque chose (rituel, obsession, dédoublement en symptôme physique)
La psychopathie, n'accepte pas le résultat du contrôleur et prend des décisions «déraisonnables», «irréalistes», incompatibles avec une régulation. Le psychopathe a davantage tendance à détruire qu'à corriger.
Pour ces dérèglements, les seules notions d'introversion et d'extraversion ne font pas le poids par rapport à la cybernétique.
Aujourd'hui, le retour d'information du patient est privilégié par rapport au savoir du thérapeute. Une cybernétique de l'effet.
Création et cybernétique
Quoi de plus personnel que la création. Aujourd'hui, l'art établit une relation qui permet d'englober dans une même interaction, dans un même échange, une œuvre, son créateur et le récepteur, le destinataire de cette œuvre (spectateur, auditeur…). Les différentes formes que peuvent revêtir cette médiation concrétisent certaines relations entre l'homme et la nature, c'est-à-dire entre un esprit humain et son environnement.
Rien à ajouter
Écologie
Peu d'intellectuels français ont le « sens » de la nature. Et comment l'auraient-ils, quand la plupart sont urbains, pour ne pas dire parisiens, englués dans un provincialisme français ? « Nos choix de société, en faveur quasi exclusivement de l'industrialisation et de l'urbanisation, ont engendré une pensée urbaine, enclavée, incapable d'intégrer cette globalité »
Globalité, oui, mais aussi la rétroaction continue nécessaire avec la nature.
Notre cybernétique personnelle
La compréhension du monde par l'enfant repose sur sa capacité à relier de manière cohérente et stable les différents découvertes de son environnement. Les origines de la pensée humaine prennent leur source dans la relation entre cerveau et sensorimotricité. Le cerveau contrôle tous nos gestes. Son efficacité est le résultat de la coordination, de la régulation de réflexes et de mouvements conscients. Nos circuits neuronaux préparent, déclenchent (décident) et exécutent le mouvement.
L'apprentissage
La première manifestation de notre cybernétique personnelle peut être vu dans le phénomène d'attachement qui lie le bébé à sa mère. L'enfant naît social et se construit au moyen de ses relations avec les personnes significatives qui l'entourent. L'attachement est un phénomène réciproque, nécessitant des interactions entre l'enfant et la figure d'attachement. Quand ce premier environnement s'avère favorable, l'enfant peut l'élargir. Les troubles concernent l'enfant (pas de réaction ou réponse agressive si des limites sont dépassées) autant que le parent (absence de décodage des signaux de l'enfant, régulation centrée sur le seul parent).
L'interprétation des sons, parole et musique.
Nous percevons comme nous agissons. C'est la représentation mentale que nous associons au signal. Nous assimilons les sons entendus à nos attentes et à nos conceptions.
Le langage
Le comportement est déterminé non pas par l'environnement mais par l'individu lui-même qui génère sa propre activité pour contrôler sa propre perception. C'est un réajustement constant que l'organisme opère. Appliquer le principe de rétroaction à l'activité langagière a permis de découvrir que la prise de parole est contrôlée par un «appareillage préexistant de vérification et de guidage des perceptions ». Le contrôle de l'acte ne peut appartenir qu'à l'apprenant.
La musique.
La créativité en musique implique une structuration de modèles sonores qui s'accordent aux façons personnelles de ressentir la musique. C'est un processus de contrôle cybernétique codé par les construits musicaux établis du musicien, et débouchant (s'il réussit) sur une séquence de sons perçus émotivement qui satisfasse aux exigences de son créateur. Nous admettrons que ces exigences ne sont pas nécessairement préétablies, mais qu'elles peuvent elles-mêmes manifester une croissance et un développement dans un processus de contrôle cybernétique.
Tout au long des apprentissages, la représentation de l'environnement évolue et contribue à modifier notre façon d'agir. Le schéma montre l'importance de chacun des éléments de la boucle de régulation : faire coller l'apprentissage aux besoins, évaluer les acquis, corriger l'enseignement en comparant la demande avec le résultat.
Chapitre 3: l'association, l'humanité
L'aventure de l'hominisation
La cybernétique nous vient du fond des temps: la longue marche de l'humanité n'est que rétroactions et recherches d'équilibre. A l'origine, un « buissonnement » dont il ne subsistera qu'une branche, la nôtre. Il y a 6 millions d'années, la survie de l'homme a dépendu de l'augmentation de ses moyens d'action et comme la nature qui l'entourait, il s'est lancé dans l'aventure des essais et des erreurs, régulation tout ou rien. Différente de notre petit schéma de page de garde, fatale même quand «ça va bien» pour une dizaine de nos cousins. Il a changé son fusil d'épaule (Dieu, lui, le hasard, la nécessité, ...) pour la correction des effets et opté pour une régulation un peu plus douce avec ses semblables-semblables.Son parcours est fait d'environnements, de limites et d'interfaces, de régulations par rétroactions, d'agents-acteurs, de réseaux et de flux d'information en même temps que d'énergie et de matière régulée.
L'environnement
L'environnement c'est plus qu'une affaire de pollution! Les derniers ancêtres communs à l'homme et au chimpanzé, vieux de 9 millions d'années, sont déjà adaptés (bipédie et vraisemblablement parole) à un environnement réduit. Ils sont intelligents, c'est à dire qu'ils distinguent le singulier du commun, le particulier du général. A l'instar des animaux sociaux, ils se spécialisent en fonction de leurs capacités d'apprentissage, de leur mémoire et de leurs prédispositions physiques. Cette adaptation continue est caractérisée par l'outil, la chasse, le partage de la nourriture, la sexualité, le rire, la conscience, l'empathie, la sympathie qui introduisent émotions et affects. Les émotions, dont le signal va se transformer en sentiment, façonne leur cybernétique mentale comme les sens et la sensation le font pour leur vie physique.
La socialité fait partie de l'essence de l'être humain.
Pourtant à l'époque, elle ne représente pas un avantage adaptatif, par rapport au mutisme, meilleure façon de se protéger. Aucun déterminisme, c'est l'environnement qui commande. La notion d'environnement s'est élargie depuis la préhistoire. Elle cède la place à des préoccupations plus associées au cadre de vie.Quand le retour d'information bute sur le temps (tradition orale), sur la localisation (rétention du sorcier), sur le bruit, la dispersion, la déconnexion, sa rapidité et son efficacité en sont diminués.
La matière à réguler est, à l'époque, essentiellement celle des besoins physiologiques. Le contrôle vérifie la survie par tout ou rien, manger ou être mangé. L'information en retour est parfaitement objective, survie ou pas. La rétroaction va les transformer, les "réguler » en espérance dans un monde meilleur, voire une nouvelle culture. Le saut quantitatif de l'apprentissage du contenu de la nature par les hommes est la première manifestation d'une cybernétique spécifiquement humaine. Leur «fabrication» ni brutale, ni linéaire s'est effectuée par quelques bifurcations au hasard sur des caractères potentiels jusque là inhibés, et beaucoup de petits (architecture du corps et fonctionnalités du cerveau) chez les plus jeunes avant qu'ils ne soit «finis».
L'énergie, c'est l'endurance consacrée entièrement à résister à la pression de l'environnement, un minimum d'information. L'homme du paradis terrestre était innocent et n'avait ni besoin, ni envie, un équilibre parfait. La gourmandise, l'appel du grand large, le jeu avec les limites, la marge, viendront plus tard. La stabilité est assurée grâce aux femmes. depuis très longtemps [elles] étaient une monnaie d'échange et intégraient d'autres groupes humains, ... La cause, première ou finale, n'a pas préoccupé nos ancêtres qui ne disposaient pas encore des moyens nécessaires pour échapper aux effets des caprices de l'environnement.
les limites et interfaces
Pour les êtres vivants, le maintien des frontières est essentiel en participant à leur équilibre. Au contraire de ses cousins primates qui se replient dans des niches environnementales, les homos erectus tentent leur chance dans la recherche d'un monde meilleur. Les limites, c'est là où tout commence et où tout s'arrête, qu'elles soient physiques ou imaginaires. L'environnement peut être si repoussant qu'ils sont contraints d'édifier une multitude de barrières. Toute idée qui se développe doit dépasser les limites qu'elle s'était imposé au départ. S'instaure une régulation consistant à gérer ses limites de compréhension et d'action, à anticiper peu à peu.
La pression de l'environnement s'équilibre avec ses nouveaux pouvoirs, mais sa liberté individuelle commence à s'opposer à celle communautaire. Méfiant, l'individu ne s'interroge pas tant sur sa liberté que sur celle des autres, car leurs libertés non régulées font obstacle à la sienne. Il est en concurrence avec autrui: il y voit un désavantage dont il souhaite repousser les bornes, entrouvrant la porte de la dominance animale sur la domination humaine.
Des limites spatiales entraînent la question qu'ils se posent: «Où ça commence, où ça s'arrête?» Depuis 500 ans, la réponse est très déterminée par la grammaire. Je, nous, on, sommes ici. Tu, vous, êtes là, en face, à coté, en contact. Il, elle, ils, elles sont ailleurs, plus ou moins loin. Cette notion de distinction est à la base de la notion d'espace et des possibilités de sa régulation. Un acteur «normal» du quotidien se limitera à sa bulle et à son entourage. D'autres feront «bouger les lignes», le front. Dans un double but, contenir l'«adversaire» et l'obliger à une réaction
Des limites temporelles qui amène la question « Quand ça commence, quand ça s'arrête?». Le temps est un concept développé pour représenter la variation du monde: l'Univers n'est jamais figé. La prise en compte du temps a débuté avec le feu et la cuisson. Cinq temps principaux: le passé qui dure, le passé instantané, le présent, le futur, le futur incertain. Aujourd'hui le temps qui recouvre quatre générations introduit de nouvelles limites et un changement de comportement à son égard. Le présent devient omniprésent. Just in time est devenu immédiatement.
Le temps comme l'espace sont des ressources pour l'action. S'opposer c'est davantage fixer des limites dans le temps et dans l'espace que proclamer un contraire.
Les limites concernent aussi les idées, limites à notre imagination, à l'évocation, à notre naïveté … qui vont limiter l'ampleur de nos réactions, de nos réponses. Pour nous comme pour nos ancêtres, notre système personnel est clos par des limites d'opérationnalité, une frontière entre impuissance et intentionnalité. Quand nous nous érigeons des barrières artificielles, elles nous désapprennent à nous protéger. Quand nous n'en érigeons pas, des impératifs s'imposent: ne pas dépasser le trop-loin, le trop-tard, le point de non-retour, le point de basculement, les catastrophes de tous genres. Nos homo sapiens, issus de la même famille, vivant en groupes restreints font usage d'interfaces avec la nature (culte de divinités) ou d'autres groupes dont les néandertaliens (échanges).
Peinture des grottes préhistoriques, villages et écritures sont des interfaces. Peu à peu, l'influence des facteurs familiaux, sociaux, culturels sur leur raisonnement modifie leurs circuits intellectuels.
Environnement, limites et interfaces, autant de parties inséparables de l'histoire des hommes (hominisation comme humanisation), toujours valable aujourd'hui pour l'homme moderne (ouverture démultipliée sur le monde), ainsi que de leurs organisations. L'homo sapiens communique avec ses semblables comme il a appris à le faire avec la nature. D'homme à homme, puis d'homme à collectivité, enfin de collectivité à collectivité, une cybernétique de plus en plus complexe
la mémoire
Au coté du contrôle des événements, de la régulation, la mémoire est une autre seconde variable d'action (voir annexe 1). Sans mémoire une régulation est aveugle. Moins d'inné mis à contribution, que nos cousins singes, plus d'acquis sociaux grâce à une maturation enfantine plus longue et aussi par le réflexe et l'acquisition du langage très tôt. La mythologie personnelle et familiale alimente la mémoire, fragile partenaire de la régulation. L'apport de la mémoire ne doit pas prendre le dessus sur la régulation sous peine d'inaction des agents (la repentance). Qu'elle soit philosophique, physiologique, psychologique ou instrumentée, notre mémoire emmagasine le passé et nous donne des pistes pour l'avenir. C'est le siège de la récursivité, un serpent qui se mord la queue si nous n'y prenons garde. Nos mémoires nous permettent de stocker sensations, processus, souvenirs et réflexes, de nous donner une identité distinctive, une intimité, plus ou moins de repli défensif. Sur notre propre mémoire vient se plaquer celle d'un monde audio- visuel qui tend à nous couper de nos propre capteurs, de nos cinq sens. Signaux en retour beaucoup plus puissants que les nôtres, synonyme de dépersonnalisation. Augmentée artificiellement, la mémoire tente de réécrire notre histoire, la flouter aussi.
la régulation
La matière est principalement l'objet de la régulation. Aux premiers temps, elle est très concrète: nourriture, outil, ennemis, … Comme tout système ouvert, l'homme reçoit des informations de l'extérieur par l'intermédiaire des interfaces qui vont s'ajouter à celles des boucles de régulation interne et à celles de la mémoire.
Une régulation basée sur la résolution des conflits est un des piliers de l'enseignement traditionnel: peuple élu, Tu ne …, DJIHAD, protestation, anéantissement du désir, …
La régulation va s'appuyer sur des acteurs capables de prendre des décisions utiles à l'ensemble du système. Ces acteurs peuvent jouer la même partie (idéal) ou chacun une partie différentes (chaos). Pour maintenir l'équilibre en même temps que l'efficacité, elle se doit de ne pas utiliser ces extrêmes.
la structure:
C'est d'abord une relation simple entre des agents cherchant leur équilibre et contribuant à l'équilibre général. La structure montre comment nos systèmes sont agencés les uns par rapport aux autres.
La structure du pré-homme est imposée par l'extérieur. Celle de l'homme moderne est imposée à la fois par l'intérieur (préservation et socialité entrante) et par l'extérieur (socialité sortante et intentionnalité). La structuration doit se construire le plus possible sur la réalité et le moins possible sur sa représentation car le réel est arbitraire, soit construction de l'esprit ou soit phénomène identifiable. La cybernétique nous permet d'accepter toutes les sortes de réels. Objectif (que la pensée méthodique a élaboré, mis en ordre, compris) ou subjectif (conforme à sa morale, stabilisation de sa pensée). La structuration du jeune préhistorique est essentiellement sociale.
Les perles ne font pas le collier, c'est le fil. (Gustave Flaubert)
les agents, des groupes d'agents et leurs fonctions
Pas plus qu'en économie, le comportement de nos agents n'est rationnel, même si chacun a des règles de vie, raisonnées ou pas, binaires ou probabilistes, différentes ou répétitives. Nos agents sont dotés chacun, de capacités d'apprentissage de buts nouveaux, de connaissances, de contraintes, de croyances, d'intentions, de préférences, de principes de décision générant la dynamique du système, regroupées en règles de vie. Chaque agent a la mission de déclencher la régulation dont il a la charge, sa fonction.
Une règle de vie ce n'est pas le chat noir ou la fatalité. Par exemple, «épargner» ou flamber, «rester à sa place» ou encombrer», «chercher peu et trouver beaucoup» ou toucher à tout. Chacun a besoin de confiance, confiance dans les autres agents, dans son système, dans l'environnement et dans l'entourage. Un grand nombre de règles de vie ne sont que des archéoréflexes générant des dysfonctionnements. Chaque agent a la possibilité de modifier la structure de l'ensemble ainsi que d'interférer dans ses relations. Nous sommes parfaitement libre de choisir pas, peu ou beaucoup... Les systèmes doivent disposer de "gestionnaires", capable de sélectionner les meilleures solutions à un problème donné.
Des Flux, des nœuds et des réseaux
Des flux de matière, d'énergie et d'information (la réciprocité, le contenu). C'est ce qui circule dans le système, par exemples la matière de la connaissance, d'un problème discuté, … pour laquelle une régulation s'avère nécessaire. Les flux sont stockés avant et après leur utilisation. Aujourd'hui l'information est aussi devenue une matière, un flux de données. En même temps elle est multiforme et doit aussi disposer de tuyaux particuliers: le langage est important mais aussi le comportement, le regard.
Il nous faudra donc distinguer le signal de retour que nous continuerons à nommer information, unique, qui précède la décision, qui peut être un signal, un symbole, une émotion, mais aussi une représentation du monde, d'un objet, d'une personne, d'une situation. L'amour nous envoie des signaux qui devraient nous permettre d'en partager tous les moments.
Distinguée du savoir véhiculé que nous appellerons communication (message, couplage, déclaration, prescription, commentaire, anecdote, rituel, jeu) qui peut être triée, contrôlée, éliminée, manipulée (je parle comme eux) et qui n'est qu'une illusion, une émission/réception de troubles, du bavardage représentant bien l'idée d'échanges «perturbés» (comportements coordonnés déclenchés mutuellement par les membres d'une société) quand on la compare au rôle d'avertissement de la précédente.
Le stockage de la matière «sciences» par exemple, s'effectue dans la mémoire collective (tradition orale pour les premiers hommes, Google pour l'homme moderne). Le stockage de l'énergie humaine cherchera à se concentrer dans la volonté et dans la puissance du regroupement (l'union fait la force). Le stockage de l'information s'effectuera dans la mémoire «individuelle» de chaque assemblage humain. Des signaux, des informations contradictoires faussent notre régulation.
Les réseaux sont les tuyaux qui transmettent les flux, dont nous privilégierons l'information, constitutive du signal en retour. Une personne est un nœud de relations. Notre mémoire fonctionne en réseaux de neurones. Les réseaux sociaux aussi et nous en sommes les neurones. Un réseau est de forme maillée dans l'espace ( il y a plusieurs itinéraires pour aller d'un point à un autre) et d'usage évolutif dans le temps (par modification de l'itinéraire choisi). Chaque tuyau doit être à la bonne taille pour équilibrer les débits sous peine d'asphyxie du système.
Les nœuds sont les connections de deux ou plusieurs tuyaux. Ce sont les points de transit où converge l'information et où elle s'agrège (moins de canaux sortants qu'entrants), dans les réseaux d'influence, dans les réseaux de privilèges, valables dès la préhistoire. Un nœud de matières conduit à un mélange, un nœud d'énergie à un
court -circuit.
L'apprentissage est l'une des conditions nécessaires à l'efficacité du pilotage. Au contraire l'autonomie -qui trouve son énergie en elle-même- conduit à un système clos.
Mais qu'est-ce donc que nos agents doivent réguler?
Nos agents-acteurs utilisent chacun un processus régulateur qui s'appuie sur les principes de toute action humaine. Si les philosophes se sont plutôt intéressés au jugement de cette action, notre régulation a été étudiée avec grand soin par l'entreprise.
- Actions, niveau des incertitudes, événements, opérations, actes, faits, pragmatisme
- Information (Décisionnelles= commandes), lignes hiérarchiques
- cOordination (régulation, outillage pour partie méthodologique, -le soft- et pour partie pratique -le hard-, les outils physiques -les instruments-), technostructure
- imagination (Projet), logistique, intention, résolution, ébauche
- finalisation, niveau des désaccords (Valeurs, idées, sommet stratégique, principes d'action, philosophie, croyances).
Cette représentation simplifiée a le mérite de bien montrer l'ouverture permanente du système humain en deux endroits sur notre environnement (à notre échelle l'entourage).
Des échanges. C'est par ces deux portes que les agents-acteurs se nourrissent en permanence, en particulier d'informations, pour modifier ou remplacer le régulateur » et la « mémoire » afin d'accorder projets et actions, objets et idées en temps réel. Nous savons intuitivement ou par expérience, que quand nous avons un problème, nous avons deux sources de solutions: par le bas, agir ou fuir ou s'inhiber, par le haut en changeant nos projets ou en nous projetant dans l'irréel.
Le schéma est le même qu'on soit manuel ou intellectuel: valeurs et actions sont différentes, mais empruntent les mêmes chemins, le plus souvent en sens inverse. Autre exemple en ce qui concerne l'économie, l'interface haute va concerner les engagements (prix, qualité, délai, ...) et l'interface basse l'échange physique (produit contre argent).
Cinq registres, un ordre de passage obligatoire, dans les deux sens, un déroulement.
L'idée, avec ses catégories naît de l'action et doit revenir à l'action.
Sans concrétisation, le concept n'a pas d'existence; sans représentation mentale l'action n'est qu'un coup d'épée dans l'eau.
- Les actions, notre activité, nos actes mais aussi la situation et les circonstances (qui sont les actions du milieu), les événements et les faits (qui sont les actions des autres) qui «stimulent» notre propre action. L'action c'est la régulation du temps court. Le travail qui occupent la moitié de nos journées fourmille d'actions. La motivation des actions, c'est l'opérationnalité des valeurs. Dire, ce n'est pas faire: «C'est comme si c'était fait» pour les uns ne l'est pas pour les autres. Agir c'est déclencher un changement qui va provoquer un signal en retour de l'environnement dont se nourriront mémoire et régulation. L'action est toujours précédée par la décision, ne serait-ce que de quelques millisecondes.
- Les différentes décisions, processus interne ne sont pas en communication directe avec l'extérieur. Comme l'action, c'est un changement mais seulement en interne. Accepter ou refuser ce qui vous arrive. Faire ou ne pas faire? Une décision est toujours une réponse, oui ou non, soit au passé/présent ( pour répondre à un événement prévu ou pas), soit au futur (pour atteindre un objectif). La liberté individuelle est une décision qui décidera du changement à la suite à une demande de routine régulatrice ou à un besoin réorganisateur de crises (motif). Il est plus facile pour la décision de s'exercer sur ce qui la précède (outillage, projet, valeur, plus vagues qu'elle), que sur l'action qui la suit et dont le résultat est facilement contestable.
- à la charnière du processus, la marmite dans laquelle bouillent théorie et pratique, l'organisation, état d'un corps associatif qui se propose des buts déterminés. La réorganisation, l'outillage, les «instruments», les méthodes mais aussi les approches transdisciplinaires («coté théorique»), les machines et les outils («coté pratique»), l'organisation sociale et son rendement. Cette grande machine «organisation» nous impose sa cadence. Le chimpanzé n'obéit pas à sa pierre ou à son bâton, nous si. Ne pas utiliser de moyens sous prétexte qu'ils peuvent nous faire perdre notre âme ou au contraire utiliser trop de moyens, consiste à les considérer comme essentiels. Alors que nous devons amorcer nos raisonnement, à partir des ² actions (induction) ou à partir des valeurs (déduction).
- les projets, seconde ouverture sur l'environnement, ils constituent comme les actions des intentionnalités (changer l'environnement tout en lui résistant). Ils envisagent ce qui a des chances de réussir, à la croisée des chemins entre des principes pour cadrer, un environnement capricieux et de l'outillage pour les appuyer. Ce sont des résolutions, une prédiction d'intention. Régulation du temps long. Faire en sorte que les choses deviennent telles que nous les avons souhaitées. Personnel ou collectif, c'est une vérification de sa propre unité (remède contre la schizophrénie). Une identité, une histoire pleine de trous a besoin d'être réparée par un projet. Si notre projet détruit en même temps qu'il construit, il est plus digne de la chaîne alimentaire que de l'humanité. Un plan B ne peut être que réducteur au contraire de la préparation du «coup d'après».
- les valeurs sont très présentes dans notre façon de voir, très opposées au nihilisme. Une valeur est ce qui ajoute un plus à nos finalités, le respect ou la simplicité par exemple. En influençant le projet, ces valeurs deviennent des causes finales. En influençant l'action, ce sont des causes premières. Les principes d'action, le conditionnement social, l'habitus supportent l'essentiel de nos valeurs et elles sont d'autant plus importantes qu'elles permettent aux entités de se forger «une petite religion personnelle». La valeur qu'une entité attribue aux choses et aux idées dépend de ses besoins et de ses désirs. Les valeurs liberté, égalité, fraternité structurent toute la construction de la République depuis 150 ans, mais ne nous inspirent pas toujours dans la vie quotidienne. Dommage !
Ainsi, la cybernétique va s'appuyer sur des règles de vie, suggérées par des souhaits et contraintes par la réalité de l'outillage disponible. Si leur unité est mise à mal, une multi-schizophrénie s'empare du système.
Idéalement, notre coté automatique s'occupe du bon fonctionnement interne, ascendant et descendant. Notre coté cybernétique, basé sur la réaction à l'effet va avoir tendance à privilégier le bas du processus, c'est à dire l'action. Enfin notre cybernétique de la cybernétique s'efforce
d'intégrer les deux premiers en recherchant les écarts à réguler avec les valeurs et les projets, des causes « soufflées » par l'environnement sociétal, pour inciter le système à l'auto-ré-organisation.