La Dame aux lys

Jean Claude Blanc

A mon ancienne institutrice, pourtant (parait-il) de la vieille école: souvenez vous: "leçons de choses" "morale" "instruction civique" dépassée elle?

     La Dame aux lys

 

Sur la plaine du Livradois

La Dore déroule ses méandres

Nonchalamment part en balade

On imagine à l'infini

 

Petit hameau ceint de verdure

S'étalent des champs couverts de fleurs

Troupeaux de vaches, à l'aventure

En ruminant paissent tranquilles

 

La Dame aux lys, la vieille instit

A sa maison toujours fleurie

Jardin tiré à quatre épingles

La vigne grappille dans les allées

 

Bien sûr, les plantes, elle les connait

Tous les soirs vient les arroser

Les tutoyer d'une caresse

C'est son Eden, son havre de paix

 

Un petit faible pour le lys

Emblème royal, symbole Franc

Le sceptre tendu comme un trident

Javelot gaulois, à ce qu'elle dit

 

On enracine sa dynastie

En farfouillant dans sa mémoire

Marchés aux puces, vides greniers

On trouve toujours quelques vestiges

 

Son atelier sous la toiture

Recèle de frusques, d'objets curieux

Ses lumières elle les assouvit

Couvre ses toiles couleur d'azur

 

La vieille dame, prend sous son aile

Tous les enfants de la commune

Les initie à la peinture

Sa vocation elle perdure

 

Passion des fleurs, c'est son slogan

Elle, c'est le lys son obsession

Y'en a partout dans sa maison

Herbiers sauvages, saveur safran

 

A quoi elle songe, on se demande

Quand à son tour prend le pinceau

La demoiselle de vieille école

Elle est bien seule, sans ses petiots

Une enragée de la nature

Une écolo avant la lettre

A tapissé tout son salon

De coloriages, de canevas

 

Y'a même un faon qui s'ennuie ferme

Dans son tableau un peu vieillot

Reste figé, près d'un ruisseau

En arrière-plan, la nuit s'avance

 

Jusqu'à sa mort, elle restera

Plantée bien droite comme un i

Elle est maitresse en son foyer

Ce sera dur de la troubler

 

Sur le fronton de sa bicoque

Plastronne un blason de pierre

On se nourrit comme l'on peut

D'un peu d'histoire et de mystères

 

Au Moyen Age, à ce qu'il parait

Les Seigneurs fiers de leurs sujets

Venaient graver de leur emblème

Les méritants, les valeureux

 

Au loin s'écoule le ruisseau

Qui va rejoindre grande rivière

La Dame aux lys, mam'selle Couderc

Encore se pâme d'un bouquet 

 

Tant qu'il te reste un souffle de vie

Pousse les feux des utopies

Ta petite œuvre l'air de rien

Fait progresser l'humanité

 

Mam'selle Couderc, première maitresse

A sa façon une vraie artiste

A elle je dois l'inspiration

De rendre ce monde plus joli

 

Finalement tous créateurs

Folles furieuses nos pensées

On les enferme à l'intérieur

On n'est pas seuls à cogiter

 

On parle de génie et de grâce

Un don du ciel décerné

N'écoute pas ces inepties

C'est dans ton cœur que çà se passe

 

JC Blanc    décembre 2012 (souvenir de ma vieille école, jadis artiste ma maitresse)

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