La Dune

jean-baptistelp

Devenir soi !

Jamais je n'aurai pensé qu'un jour, si mon destin l'avait permis, je serai ce que je suis devenue. Tous, nous nous cherchons. Bien fort, celle-là qui pourrait dire, à la fin de sa vie : je me suis trouvée !

Nous autres, femmes, nous savons plus que les hommes le poids des convenances, des interdits qui empêchent un individu, aujourd'hui, comme hier, de se trouver, de faire advenir au grand jour cet être profond que nous aspirons tous à être. Beaucoup en rêvent, beaucoup se lamentent, beaucoup regrettent. Combien disent : voilà, c'est moi. Voilà ce que je suis. Voilà qui je suis. Pourtant, nous y aspirons tous plus ou moins. Et, encore une fois, bien peu y arrivent. Ont-ils des excuses que je n'avais pas ? Je ne le crois pas. Au contraire. Et le récit de mon enfance devrait vous le prouver.

Je suis née dans un de ces milieux bourgeois où l'enfant est invité à obéir au désir de ses parents. Mon père, notaire de métier, et, j'allais dire, héréditaire, n'a jamais pu envisager d'autre profession pour mon frère. Le pauvre, qui détestait le droit, a fini en asile psychiatrique.

Quant à moi, la fille de la maison, nulle autre destinée n'était pour moi envisageable que celle de mère de famille. À la suite d'un "beau mariage" qui aurait poursuivi la stratégie d'ascension sociale entamée par ma famille depuis quelques siècles.

Pourtant une réflexion de mon père, à mes six ans, eût sur mon destin une portée incalculable. Il me présenta à mes amies venues célébrer mon anniversaire comme :" la future épouse idéale de l'un de vos frères".

Ce destin tout tracé, décidé par un autre que moi, me braquage intérieurement : je fis un grand sourire. Mais, intérieurement, tout mon être se rebella : puisqu'il en était ainsi jamais je ne me marierai. Personne ne déciderait à ma place de ce que je ferai.

Malheureuse que je fus : cette décision intérieure, ce blocage funeste fut cause de tant de tourments que j'aurais voulu ne jamais l'avoir envisagé.

En un instant, je venais de refuser ce à quoi mon être le plus profond aspirait : le mariage et la maternité. L'humble participation de la femme à la vie humaine. Son épanouissement le plus profond.

Parce que j'avais mal réagi à une réflexion d'adulte sur moi, je devins ma pire ennemie, l'adversaire de ma nature profonde.

Pourrais-je jamais raconter le combat que je dû livrer, a l'adolescence, pour retrouver ce moi profond auquel, en un instant, je venais d'interdire d'exister ?

À suivre. Peut-être !


  • Tiraillée entre les stupides traditions et son épanouissement personnel.
    Un texte intéressant qui nous montre bien toutes les absurdités de la société depuis la nuit des temps !

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

  • Je trouve cette histoire intéressante. C'est un bon début!

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Coucou plage 300

    aile68

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