La famille des Gordini. (1)

 Chaque année, dans le courant de l'hiver, l'alambic de mon grand-père était installé en libre-service sur le chemin accédant à la ferme: on allait à la gnôle chez Pépé comme à la pompe chez Auchan !

 Les femmes venaient avec leurs pommes et leurs poires faisandées (elles avaient une odeur de gibier), remplir de fruits la cuve en cuivre et regarder, tout en discutant sur la meilleur façon de faire le clafoutis, le goutte à goutte qui s'échappait du petit tube de la machine. On pouvait dans leurs yeux, lire ou pas, la qualité du produit fini, mais que finalement et de manière unanime, en laissant les noyaux dans le gâteau, le goût en était meilleur et plus long en bouche, mais que '- Ouille que les dents quand même !'.

 Une avait les yeux qui ne disaient rien. On la prénommait dans le village, La Salope: Celle qui dit rien mais qui n'en pense pas moins ! En fait, toutes étaient jalouses d'elle, car à cette époque, ne rien laisser paraître de ses sentiments revenait à dire que l 'homme' auquel vous apparteniez, n'avait pas plus de couilles qu'un cochon sous Prosac à l'approche de la coupe du Maïs.

 Non seulement La Salope était belle mais en plus elle roulait en Gordini rouge de 1965. Ses nichons sous la pluie en été quand elle courait dans les champs pour attraper un petit lapin afin de le caresser, faisait qu'un Einstein aurait pu trouver la puissance au carré de la relativité restreinte, sans pour autant appuyer sur celle des mathématiques...