La femme au piano

eva-swallow

Elle est là, timide et légère. Elle se pose en face du piano, ses doigts se posent sur le clavier.

C’est un monde qui ressurgit, à la première des notes je sens l’émotion m’envahir. Ses mains dansent avec les touches, dansent avec les notes, elle ne fait qu’un avec le piano, les mélodies me touchent.

Des LA et des SI dans ma tête, des FA et des dans mon cœur, SOL, DO et MI m’interpellent ; je suis emmenée par des dièses et des bémols, des silences et des trémolos.

Je vois ses mains ne faire qu’un avec le clavier. Je me souviens d’un temps ancien. De cette petite fille qui par la grâce de ses mains, jouaient le soir venu, sur le piano droit du salon. Cette petite fille c’était moi, pendant des années j’ai joué, mais c’est devenu compliqué. Plus de courage, plus de prof, plus de piano, la descente aux enfers.

Et je regarde cette femme, l’énergie entre ses doigts et ses notes, la grâce de ses poignets qui dansent et ne font qu’un avec les touches. Je sens cette énergie au bout de mes doigts, qui me fait mal et me signale que mon clavier m’appelle.

J’ai un clavier posé sous mon lit, ce piano qui depuis trois ans m’appelle. Mais mes doigts restent prisonniers et le piano muet. Je joue par procuration en regardant les autres musiciens. Je n’ose pas, n’y arrive pas, et pourtant. Cette femme à son piano a trouvé quelque chose, m’a exprimé quelque chose, au fond de mon cœur où seules les notes peuvent pénétrer. Et peut-être grâce à cela, reviendra bientôt le temps de danser à nouveau avec des touches en noir et blanc.

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