La Fille du BigBang

alice-h

Tu passais tes mains sur sa peau, la touchais, caressais sa chevelure pendant qu'elle était endormie.

Tu fixais sa pupille quand elle te regardait de ses grands yeux à la recherche d'un indice sur ses pensées et ses peurs.

Elle avait traversé sans prévenir ton atmosphère. L'impact s'était fait en douceur. Si bien que tu ne t'étais pas aperçu des dégâts causés.

On ne se méfie pas assez des ravages de la délicatesse.


Comment le cosmos avait-il pu engendrer un être aussi lumineux? Ce n'était pas une extra-terrestre, seulement une extra-vivante.

Elle entrait dans une pièce et tout irradiait. Quand elle en partait, elle laissait une poussière d'espoir.


Explosion de rire, explosion de douceur.

L'univers battait en elle : 

c'était la fille du BigBang. 



Tu avais beau l'étreindre, jamais tu ne la saisissais entièrement. Stratosphérique, elle paraissait au-dessus de tout, inatteignable, 

Et pourtant, abandonnée entre tes mains, elle pouvait se désagréger. 

Il suffisait d'apercevoir l'obscurité au fond de ses yeux clairs, pour comprendre qu'elle était plus étoile fuyante que filante. 



C'était la fille du BigBang, enfant du chaos et de la lumière.

Sous sa roche incandescente coulait l'enfer.

Jalouse de la Lune, unique satellite qui reste toujours bien accroché, 

tandis qu'elle était condamnée à une errance céleste.


C'était la fille du BigBang,


Etoile lunatique, tu la vois briller alors qu'elle est déjà éteinte, 

aspirée par le trou noir de la mélancolie, sous l'effet de la gravité. 


C'est le privilège des astres : paraître encore vivants alors qu'ils sont déjà morts.


Supernova, étoile filante, Objets Vivant Non Identifié …  D'une légèreté désastreuse, dans ta cage thoracique, elle a laissé un cratère. 



illustration: http://www.lisajunius.com/

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