La fin du monde
vanesse
J'ai toujours cru que se trouver dans un supermarché, le jour de la fin du monde serait une idée de génie. Maintenant que j'y suis, je ne trouve plus cette idée si génial que ça. En même temps, la fin du monde je n'ya avais jamais cru. J'en entends parler depuis ma plus tendre enfance, alors j'avais fini par croire qu'elle n'arriverait jamais. Que c'était une histoire inventé par les adultes pour faire peur aux enfants. Un peu comme l'histoire du père noël.
Cependant, ces derniers temps, tous les signes étaient là. Des coupures électriques de plus en plus nombreuses, des couvre-feux et des rondes militaires plus fréquentes. Alors quand les alertes ont retentis personne n'a vraiment été surpris.
Il n'y a pas que moi dans ce supermarché, nous sommes une petite vingtaine. Des hommes et des femmes de tous âges, une mère et son enfant d'à peine un an, deux employés du supermarché, moi et mes trois amis. Mon voisin que je connais depuis l'enfance, Fred, sa petite amie, Eugenia, avec qui je suis en cours d'art plastique et qui est trop cool et enfin Gwen, le garçon avec qui je rêve de sortir depuis des semaines.
Cela fait plus de vingt-quatre heures que l'on est enfermé dans ce magasin. Au début, cela semblait presque drôle mais à présent les gens commencent à être à cran. Les premières heures ont été consacrées à l'organisation. On avait de la chance, ce supermarché était tout de même assez grand. Outre la grande réserve de nourriture, il y avait un peu de linge de maison, de vêtements. Il y avait aussi un coin traiteur avec un four et les vestiaires du personnel pouvaient nous faire office de salle de bains. Tant que nous aurions l'eau courante et que le groupe électrogène ne nous lâcherait pas nous pourrions survivre plusieurs semaines.
Le plus dur était l'attente et mettre de côté nos inquiétude pour nos proches. Aujourd'hui, je regrettais presque de ne plus avoir mes parents sur mon dos, ni mon imbécile de grand frère. J'avais pour une fois écouté leur conseil, me mettre à l'abri, y rester coute que coute et leur envoyer un message pour qu'ils puissent venir me chercher. Mais j'ignorais quand et s'ils pouvaient me retrouver. Comme il fallait s'en douter, la communication avec l'extérieur était rompue.
Pour tromper l'ennui, il nous fallait des distractions. Nous nous étions répartis en groupe et chacun s'était aménagé un petit nid douillet. La première soirée, avec mes amis, nous écumâmes le rayon jeux mais après plusieurs parties endiablées d'Uno, nous ressentions une certaine lassitude.
La fin de notre deuxième soirée arrivait et notre moral déclinait. C'est Gwen qui eu une idée qui pouvait nous sortir de notre morosité.
- Si on se faisait une petite soirée avec musique et sodas ?
- D'accord, répondis-je aussitôt.
Les autres acquiescèrent aussi. Nous trouvâmes facilement les canettes de sodas, pour la musique nous devions faire avec la maigre réserve du magasin. Une fois sélectionné plusieurs CD, nous prîmes une mini chaine en rayon, ainsi qu'une rallonge.
Pour ne pas déranger les autres réfugiés, nous nous étions mis à l'écart mais dès que la musique a retenti dans le bâtiment, certains se sont invités à notre petite fête. Ils y étaient les bienvenues, l'entrée était gratuite. Je n'étais pas très à l'aise à cette petite fête. J'avais peur de danser et d'être ridicule devant Gwen. Alors je m'occupais d'enchainer la musique. Gwen vint me rejoindre.
- Tiens, me dit-il en me donnant une cannette de soda.
- Merci. (Nos doigts se frôlèrent quand je pris la cannette.) tu veux écouter quelque chose en particulier ?
- Rien de spécial, tu te débrouille très bien.
J'essayais de ne pas rougir à son compliment. Je le sentais tout à coup mal à l'aise et j'avoue que je ne l'étais pas non plus. J'évitais son regard en scrutant chaque jaquette de CD que l'on avait. Cela aurait duré très longtemps si Eugenia ne nous avait pas poussés dans les bras l'un de l'autre, littéralement.
- Désolé, nous dit-elle.
A son petit sourire sournois, je vis qu'elle en avait fait exprès. Mes sentiments pour lui étaient-ils si limpides ?
- Excuse-moi, je…
J'avais envie de rester contre lui et il ne me repoussait pas. Je fermais les yeux et mes lèvres rencontrèrent les siennes. Pendant une seconde, j'oublis où je me trouve, pourquoi je suis ici. Il n'y a que lui, nous. Puis une pointe d'angoisse, je me recule immédiatement. Gwen me regarde, semble gêné à son tour.
- Désolé Greg, je croyais que…
Ah oui, je ne vous l'ai pas dit, je m'appelle Grégory. Je sais vous avez cru que je suis une fille. Les préjugés ont la vie dure. Et le regard des autres m'inquiète. Mais les autres n'ont pas l'air de prêter attention à nous.
- Tu croyais bien, c'est juste que…
Je ne finis pas ma phrase et regardais autour de nous. J'allais poursuivre quand je sentis une vibration dans le sol. Je crus pendant une seconde que c'était mon imagination mais je ne fus pas le seul à l'avoir ressenti.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Je ne sais pas, répondis-je en stoppant la musique.
D'autres personnes ressentirent le tremblement, la panique nous gagnait de plus en plus. Nous entendions à présent une explosion provenant de l'extérieur. Alors que chacun se demandait ce que nous devions faire, les lumières s'éteignirent, seules celles des sorties de secours nous fournissaient une faible lueur. Gwen prit ma main.
C'était la fin du monde, j'étais terrorisé. Pourtant avec à mes côtés le garçon dont je suis amoureux, je ne me sens pas seul.
Une histoire qui finit bien, enfin, sauf que c'est la fin du monde... Comme quoi il faut toujours de catastrophes pour que les gens osent !
· Il y a environ 11 ans ·yoda
C'est toujours lorsque l'on est au pied du mur que l'on agit!
· Il y a environ 11 ans ·vanesse
c'est vrai !
· Il y a environ 11 ans ·yoda