La fleur de crème

Quentin Bodin

La fleur de crème vit son accroissement dans le charnelle couloir d'une rue
Où, façade et sol s'embrassent à la vue des passants, ne laissant ainsi pour cadeau
Que de l'ombre à cette fleur du printemps, qui, habituée à ce triste bandeau
Sur ses pétales, n'y voit que le reflet métal du métro défendu.


Elle s'immisce donc entre les pierres, les pavés et ne cherche plus à se satisfaire
De l'éclair de beauté, la médecine naturel des fleurs de l'été, qui captivant
Tous rayons, laisse à un peintre divin le travail de leurs corps céans
Et préfère s'oublier dans la pâleur des marches sans vies d'une rue à parfaire.

Un soir d'octobre, l'orbe d'une subsistance se laisse détacher de la sculpture
Du squelette végétale, et vient effriter l'obsolète matière de sa fibre en conclusion.
Voici sonné l'heure de l'automne. Voici l'heure de sa pénitence, de sa décomposition.

Le manteau d'hiver est là, la fleur de crème n'est plus. Elle n'est qu'engrais, sédiments
Substances sans histoires, sans passions. Ne lui reste ainsi que le sentiment de la dérision
De la stupéfaction de sa mort sans regret ou ne figure que l'ombre de son érosion.


                                                                                             Bodin  Quentin
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