La frénésie de l'écrivain

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L’inconnu, ce que je croyais se trouver à l’autre bout du monde, serait-il finalement une partie de moi ? Ou, carrément, moi-même ? Le mensonge le plus grave, c’est d’abord celui qu’on se fait à soi-même, obnubilé par le paraître, on en vient à oublier l’être. Certains écrivent, moi je m’écris, ça m’aide à exprimer au moins un soupçon de vérité. Mon cahier lui, il sait tout, je ne lui cache rien. Il m’a vu rire, pleurer, sourire, déprimer, angoisser. À chaque fois que j’écris, ou plutôt que je m’écris, j’apprends à me connaître, je me rencontre enfin. Souvent mêlée à des larmes, qu’elles soient de joie, de tristesse ou de peur, l’écriture me libère. C’est comme une dose d’oxygène dans un monde où tout devient étouffant. Mon cahier lui, ne me trahira jamais. Douce drogue que celle de l'écriture, calmant quotidien et seul remède quand la souffrance et les cris durent. Échappatoire magique, hors de l'espace-temps, hors du monde. Comme un ange de lumière dans un monde rempli de démons. Sortie de secours toujours ouverte. Douce drogue que celle de l'écriture. À l'encre de mon cœur, de çà et là des pages de mon histoire. Subtile mélange d'émotions à la fois magnifiques et horribles : étrange mais tellement agréable. Frisson d'un moment, frisson d'un instant. Ailleurs, partout et nulle part à la fois. Cris décrits dans un désordre bien plus qu'ordonnée. Encre timide qui peine à sortir de ma plume, timide comme mes émotions qui peinent à sortir de mon cœur. Comme si les trois-quarts de moi-même étaient constitués d'encre et que je me vidais à force de remplir mes lignes. Cœur libéré, émotions chamboulées : un chaos magnifique. Passage d'un sombre bonheur à une tristesse rayonnante. À vrai dire, il n'y a que Dieu, ma plume et ma feuille qui savent ce que je ressens.

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