La fuite (2014)

Mon Pierre, 

Je t'écris de mon paradis.

Je t'ai dit il y a quelques temps que je ressentais le besoin de m'évader de ce quotidien qui me bouffe parfois. Je ne sais plus qui être dans cette ville qui me connait trop bien, où chaque lieu est forcément associé à un souvenir, chose pas toujours agréable quand j'y pense. 

Alors voilà, j'ai fait ma valise, sauté dans le premier train et je me suis enfuie dans cette maison du bord de mer que j'aime tant. Je ne sais pas quand est-ce que je reviendrais, peut-être  jamais. Tu ne peux imaginer comme j'aime la simplicité de la vie ici. J'ai mis une petite table sur la terrasse et je ne fais qu'écrire depuis que je suis arrivée. Je suis tellement heureuse d'écrire de nouveau, je passe des heures à griffonner des mots insignifiants que je finis par jeter au feu le soir venu mais qu'importe, rien n'est important quand je suis là. 

J'ai entrevu dans ta dernière lettre les reproches sur ma fuite, sur cet abandon un peu facile à tes yeux mais je ne supportais plus la personne que j'étais devenue. J'en ai eu marre de me cacher derrière un masque aux apparences qui ne me ressemblent pas. Je ne supporte plus de ne pas être moi sous prétexte qu'il faut toujours apparaître sous son meilleur jour pour la vie en société. 

J'ai enfin retrouvé ma liberté.

Je m'excuse une fois encore de t'avoir laissé, je sais que les choses ne sont pas simples pour toi et que j'ai été un peu égoïste. J'ai l'espoir que tu parviennes à me pardonner un jour. Et s'il te plait n'oublies pas que la vie vaut d'être vécue.

Je t'embrasse,

Gaby.