La fusée.

effect

J'aime bien les cornichons maison: ils ont la peau si épaisse qu'on dirait des petits avocats sans noyaux.

Hier j'ai peins de la purée sur toile. C'est facile à peindre de la purée ; avec du jaune en tube et du blanc bouillasse, on arrive à faire un truc qui lui ressemble. Certains mettent de la pomme de terre des champs et du lait de vache, mais elle n'est pas pour autant plus meilleure que la mienne.

C'est pareil avec un ciel bleu de bord de mer, je n'y crois pas non plus : certains s'obstinent à y foutre des goélands au milieu ou des arcs en ciel sur les côtés. Moi, j'y fous rien. Je laisse le bleu s'étaler et Betty me le fait bien remarquer :

- T'as rien mis dans ton ciel ?

- Tu voudrais que je lui mette quoi dedans de plus ? Un nuage ?

- Ben un avion, un hélicoptère... un truc qui bouge ! Ton ciel on dirait qu'il est mort ! Chez les chrétiens y avait au moins des anges à l'intérieur !

Betty adore les engins mobiles. Je me souviens de l'année où pour lui faire plaisir, j'avais acheté cette fusée dans une brocante d'Irkoutsk : une Soyouz 3 étages d'occasion avec quelques travaux. Pour les extérieurs, un peu de peinture était à prévoir, mais comme j'aimais Betty, l'amour faisait que j'aurais pu défoncer une armoire Normande pour la transformer en étagères façon Ikéa : sans même lire le mode d'emploi je l'aurais mise de moi-même contre un mur.

Betty était si à cheval sur les principes - que tout soit remonté comme à l'origine - que j'écrivais en cachette au Père Noël pour lui demander quelques conseils :

- Si on lui met un moteur neuf, tu crois qu'elle peut encore décoller, petit Papa ?

- C'est toi qui vois, mon grand !

Il était tellement con ce Père Noël, que même un gamin n'y aurait cru.

...

Signaler ce texte