La gare... mon refuge

jadou-l-incongrue

  Je me suis assise dans ce petit coin sombre. J'ai commencé par ramener les genoux sous mon menton puis je me suis demandée ce que j'allais bien pouvoir faire. Je ne voulais pas rentrer à la maison, oh que non ! J'étais bien là. Pas là-bas, rien ne m'y attendait. Alors j'ai regardé les gens passer, bercée par le haut-parleur anonçant l'arrivée ou le départ des trains. "Tiens, il y en a un qui va chez moi" ai-je pensé. J'aurais du me lever, aller composter mon billet, courir le long des quais jusqu'à en perdre halène et finalement monter comme une furie dans le train qui s'apprête à partir, mais je suis restée là, immobile.

  J'ai regardé ma montre, il était dix neuf heure passée. Je commençais à avoir faim mais je n'avais plus envie de bouger. Je voulais rester là et ne plus jamais partir. Je voulais simplement m'allonger, fermer les yeux et me dire que je ne rentrerais jamais à la maison. Mais je rentrerais. Comme toutes ces fois où je suis venue me réfugier ici, repousssant l'échéance, repoussant la confrontation. Alors j'ai observé les passants, essayant de savoir quels étaient leurs métiers, comment étaient leurs familles, leurs amis. Avaient-ils des enfants ? Les aimaient-ils et croyaient-ils en eux ? Puis je m'imaginais ce qu'ils pouvaient bien transporter dans leurs valises. Je pensais à tout et n'importe quoi qui puisse me faire oublier que bientôt, je serais dans l'obligation de prendre le train et rentrerai à la maison.

  Mais le retour est inévitable et même si j'ai peur, que lorsque je pousse la porte d'entrée j'entends déjà les mots qui vont me blesser, je dois être forte et je dois continuer d'avancer. En attendant, je suis assise dans cette gare, à l'abri des critiques et des mots acérés. Ici personne ne fait attention à moi, personne ne me juge.

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