La langue du chat.(2)
effect
Avec Betty, on s'est connu en haut des pistes, juste après le tire-fesse en lâchant la perche pour tourner, et puis on s'est donné rendez-vous vite fait en bas, au Chamois.
- Le Chamois, tu connais ?
- Non ! Le Chamois ?
- Ben oui le Chamois !
Le Chamois faisait du vin chaud au bar et des chambres à louer après l'escalier. Pour quelques verres on pouvait monter si les moufles tombaient du banc et les glaçons du nez :
- T'es d'accord ?
- Oui, pourquoi ?
- Ben si t'avais autre chose à faire !
- Ben, non !
- Bon t'es d'accord alors ?
- Oui ! Tout à fait !
Betty avait la bouche en forme de cul et moi la pathologie du cheval avant l'obstacle: il me fallait assez de recul pour ne pas me prendre la barre: un hectare de souffle et trois cent mètres de Piment fait maison, la Chamoisette.
- Alors, tu bouges ?
Betty était plus rapide qu'un bâton de ski. Betty plantait bien avant le virage, bien avant de voir venir la porte: elle anticipait. La porte je me la suis prise plusieurs fois, faute d'attention: quand le paysage est si beau et enivrant autour de soi, comment ne pas perdre de vue les deux piquets autour ?
- Putain, c'est pourtant pas compliqué ! Une porte rouge, une porte bleue... et puis t'enchaînes ! Une porte rouge, une porte bleue ! Une porte rouge, une porte bleue... t'as compris ?
Je commençais par devenir fou. Betty me construisait autant de portes qu'un architecte de logements sociaux, de paliers. J'avais l'impression d'habiter un immeuble de six étages donnant sur la cour. Il m'arrivait de m'entendre dire: "Non, vous vous êtes trompé... ici c'est la buanderie... allez voir si à la pizzeria ils ont encore des restes ou si j'y suis !"
Avec nos godasses de Rossignol, Betty me disait que ça sentait le fromage dans la chambre, et je lui répondais que c'était normal parce qu'avec toute la neige qui tombait, fallait mieux entrebâiller les volets pour laisser filer la tartiflette !
- Ça veut rien dire ton truc !
- Non, mais ça me fait plaisir !
Au Chamois, il y avait des spatules partiellement adossés sur des têtes de congères, et des chaises en pleine terrasse.
...
Oui mais si le pinceau tournait à l'acrylique les sentiments vireraient-t-ils au pastel….vidéo please! ;0)
· Il y a presque 6 ans ·flodeau
J’ai un chat à moi, mais pas de chamois à moi, j’emprunte celui des voisins ! :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé