La leçon de Carrie

keilasilion

Des meurtres étranges font la une du Times depuis quelques temps , le mal rôde et rencontre Carrie

Carrie hâtait le pas dépassant le majestueux Metropolitan Board of Works pour s'engouffrer anxieuse dans les jardins de Spring Gardens .

Ce soir-là elle ignora totalement  les fontaines et les sublimes jeux d'eau obnubilée par l'article qui était paru dans la presse un peu plus tôt dans la matinée dans le  célèbre journal The Times : pire qu'un rôdeur ,un meurtrier hantait les rues londoniennes .

Ces méfaits avaient débuté une semaine auparavant et bien que les inspecteurs soient sur une piste , le coupable demeurait introuvable . Plusieurs fois la jeune femme se retourna pour vérifier que personne ne la suivait . Elle frissonna sentant sur ses épaules les premiers prémices d'une pluie fine , elle ragea intérieurement en s'apercevant qu'elle était dépourvue du seul accessoire qui était aussi chic qu'indispensable : un parapluie . Elle redoubla d'énergie et de sens pratique en disposant son sac à main sur sa tête afin de se protéger de cet arrosage intempestif .

Subitement elle trébucha sur ce qui ressemblait au premier à bord à une racine de chêne pédonculé . Ces monumentaux colosses se dressaient fiers et florissaient en abondance dans les jardins de Spring Gardens . Sa déception se lisait sur son visage lorsqu'elle  s'aperçut que sa chute n'était pas naturelle mais d'ordre criminelle . Une silhouette masculine planait au-dessus d'elle , il avait été extrêmement rapide . Il savourait avec silence son triomphe . Carrie grimaça , sa cheville était douloureuse , devenue presque grotesque démesurément boursouflée . Elle aurait toute les peines du monde à se relever et  sans aide c'était quasiment impossible .

Pourtant elle fit un essai et  tendit la main vers celui qui avait été l'investigateur de sa chute . Elle ne vit que la lueur du crochet qui lui sectionna celle-ci . La douleur fut si intense qu'elle fut incapable d'émettre le moindre cri . L'homme en profita pour lui disposer un bâillon dans sa cavité .

Les paupières mi-closes elle regardait son sang couvrir une des allées des jardins , se mélangeant progressivement à la terre , elle se sentait partir . Elle pensa un instant qu'elle ne souffrira pas . Son corps était anesthésié par le froid , la pluie et par la perte abondante de son propre sang . Il pouvait l'achever ici , elle sera la quatrième victime d'un monstre sanguinaire . Elle ferait les gros titres et puis après ? Après ..

Quelque chose de chaud s'insinua dans son bras . L'homme tenait une fine aiguille minutieux il lui inoculait une substance étrange .

Lorsqu'elle se réveilla Carrie était enchaînée sur un lit dont les draps alpestres contrastaient avec le reste du décor .

Elle aurait tellement voulu que ce soit la fin cette nuit-là à Spring Gardens .

La porte d'acier s'entrouvrit largement et la pénombre dans laquelle était plongée Carrie laissa la place à une vive luminosité qui la saisit instantanément comme une douche froide . Habituant ses iris à l'ensemble du décor et à la silhouette qui lui faisait face . Son agresseur était devant elle et elle n'en revenait toujours pas . Il ne s'agissait pas d'un homme mais d'une femme . Carrie reprenait espoir en se contorsionnant de toutes ses forces faisant vrombir le lit ce qui arracha un semblant de sourire à celle qui était occupée à bien autre chose  . Disposant un tableau d'écolier au fond de la pièce   et muni d'une règle elle attendit que Carrie arrête de gigoter . Son temps de patience écoulée elle frappa un grand coup ce qui retint l'attention de Carrie dont la haine transpirait par tous les pores de sa peau .

- Voulez-vous bien cesser de vous agiter comme une dinde et regarder ce fichu tableau Carrie !

Á l'énoncé de son prénom , Carrie arrêta de bouger . Et osa un :

- Je vous connais ?

Ce qui eut pour effet de déformer  le visage de la femme .

- Je vous connais ? C'est tout ce que tu as à me dire !

Elle s'avança précipitamment , le bras menaçant règle à la main et se ravisa . Tapota la règle dans sa main tout en retournant devant le tableau .

- Je vous connais ? La bonne blague . Je te dirais juste ceci Carrie . Je préfère que tu sois mon ennemie que mon amie . Car vois-tu on est toujours blessée lorsqu'un ami nous trahit mais lorsqu'il s'agit d'un ennemi cela nous est complétement égal . Et entre nous tu es nul à chier en ami !

Carrie fronça les sourcils . Elle connaissait cette femme c'était évident . Elle ne l'avait pas choisi au hasard alors pourquoi les autres victimes ? Pour se faire la main . Elle ne comprenait pas .

- Comment vous appelez-vous ?

La femme fit mine de ne pas entendre la question . Et se contenta de montrer le tableau .

- Je te propose un jeu Carrie toi qui est une adepte et si douée . C'est un jeu qui te permettra de retrouver la liberté . Si tu gagnes je te libères . Si tu perds tu seras à moi . Avant que tu me répondes saches que tu n'as malheureusement pas le choix . Ta mort sera plus rapide à mon grand désespoir mais je m'y ferais vite . Alors ?

- J'ai combien de temps ?

- Cela signifie que le jeu commence .

Elle prit une craie blanche et écrivit :

Ps : Et Hémophiles

Elle se retourna et demanda à Carrie de lire à voix haute ce qu'elle venait d'écrire .

Satisfaite de la réponse . Elle se défit des traces de craie qui lui donnait un petit air presque inoffensif .  

- Ceci est un code remet les lettres à l'endroit trouve le nom que je veux et tu seras libre . Dans le cas contraire bien évidemment tes sévices seront pour moi que pures délectations.

- Peux -t-on m'aider ?

La femme regarde les pages et les yeux des lecteurs qui lisent ces dernières lignes . Un sursis , un joker ? pourquoi pas pense t-elle .

- Vas-y tu peux mais je doute fort qu'on t'entende .

Carrie regarde à travers les lignes malgré ces liens , elle cherche des lecteurs prêts à trouver la solution de l'énigme et dans un dernier sursaut , dans l'immense pièce aux murs défraichis , elle hurle :

- Aidez-moi !!!

Á vous de jouer ...


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