La légende de Noémie
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Dans la petite ville de Joie-sous-la-Montagne, vivait une petite fille nommée Noémie. Elle n'était ni très grande, ni très forte, mais elle était courageuse et surtout très rusée. Et ce sont ces deux caractéristiques qui furent à l'origine de sa légende. Car, voyez-vous, le village de Joie-sous-la-Montagne était loin d'être un endroit agréable. Il y régnait, depuis des années, une chaleur étouffante qui asséchait ruisseaux et lacs. Personne ne savait pourquoi cette région autrefois si charmante et si verte était devenue à ce point hostile. Il y avait bien sur cette vieille légende qui disait que la félicité du village dépendait de la grande licorne qui vivait dans la montagne. Ce ne sont que des racontars sans intérêts, bien sur, car les licornes n'existent pas. Voilà ce que raconta un jour la maitresse.
Noémie écoutait, les yeux si écarquillés qu'on aurait dit un poisson. Elle voulait croire à cette histoire. Après tout, personne dans le village n'avait jamais vu le président de la république et pourtant celui-ci était bien réel. Plus elle écoutait la maîtresse et plus Noémie imaginait un plan pour retrouver cette licorne.
Rien de compliqué. Nous escaladons la montagne, nous découvrons la licorne, nous lui demandons comment sauver le village et nous revenons en héros. Tel fut le discours de Noémie à son ami Germain qui refusa obstinément de l'accompagner. Trop dangereux. Trop fatigant. Trop risqué.
Mais qu'importe. Noémie n'avait pas besoin de lui. Après tout, n'était-elle pas l'une des petites filles les plus rusées du village ?
Ce soir là, Noémie rentra chez elle comme d'ordinaire. Mais au lieu de dormir paisiblement comme les autres nuits, elle se releva sans bruit. Elle s'apprêtait à partir quand elle s'arrêta devant le placard à sucreries. Après une courte réflexion, elle prit dans un petit sac, une poignée de ses bonbons préférés. Elle sortit de chez elle et commença à gravir la montagne.
Celle-ci était haute et très pentue. Noémie avançait pourtant d'un bon pas, le cœur léger de celle qui se sait sur le chemin d'une aventure. Elle grimpait si vite qu'elle arriva au sommet de la montagne alors que le jour se levait. Et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir la licorne de la légende, tranquillement endormie.
Noémie réfléchit rapidement et se dit que la raison de la sécheresse au village était peut être simplement due au fait que la licorne dormait et ne savait pas ce qu'il se passait en bas. Mais alors comment réveiller une licorne ? Par des caresses ? Non, Noémie n'aimait elle-même pas trop qu'on la touche dans son sommeil. Par contre, elle se rappela ces dimanches ou une bonne odeur de croissants venait titiller ses narines et la tirer hors du lit.
Certes Noémie n'avait pas de pâtisseries mais elle avait ses gourmandises préférées. Elle approcha le sac ouvert de la licorne, guettant anxieusement une réaction. Cette dernière ne tarda pas à arriver : la licorne étira ses jambes, ouvrit les yeux et commença à grignoter les friandises.
Mais Noémie ne regardait plus la licorne : elle était fascinée par la pluie qui arrosait la terre et l'herbe qui verdissait à vue-d-œil. Heureuse et impatiente de retourner au village pour célébrer son exploit, Noémie commença à dévaler la pente. Elle se retourna juste un instant et vit la licorne lui faire un clin d'œil complice.
Et c'est ainsi que Noémie, la petite fille rusée, devient l'héroïne de Joie-Sous-La-Montagne et une légende dans tout le pays.