Summertime

farfouillette

Abracadabra...

Au détour d'une rue, tout au fond d'une allée, elle est apparue d'un coup de baguette magique.

Quand je l'ai aperçue, j'ai tout de suite su que je voulais t'y amener, toi, ma tendre moitié.

Ni son jardin en friche, ni ses mauvaises herbes n'ont su me dessaisir de mes rêves verts, j'y ai même aperçu un rosier de grand-mère qui ne demandait qu'à refleurir pour toi, ma jolie.

Et je me suis dit, pourquoi pas une glycine dont les grappes tomberaient sur nos épaules pour saluer notre arrivée.

Ici et là, des hélianthes s'inclineraient devant ta beauté et un jasmin odorant viendrait enchanter cet écrin de verdure de par son odeur enivrante et le tourbillon de ses fleurs blanches.

Un peu plus loin, l'ombre de deux érables nous proposeraient de nous reposer juste avant l'inaugurale porte d'entrée. Et oui, elle en imposerait, pour sûr n'y rentreraient que ceux qui y sont invités.


Sésame, ouvre toi

Ta robe noire à pois rouges capterait tout le soleil, je t'inviterais à l'intérieur et la porte, elle aussi, te céderait.

Jamais aucun bruit de clefs ne m'aurait autant réjoui.

Nous étions chez nous et depuis l'entrée que tu aurais repeinte d'ocre, j'ai entendu les rires des enfants, ceux que nous aurions peut-être mais aussi ceux des amis que nous inviterions à partager des moments simples et chaleureux, tu sais, ces déjeuners dominicaux, ces collations enfantines, ces verres de vin à refaire le monde...

Et dejà, j'entendais tes talons résonner sur les carreaux de ciment des années 30 de l'entrée, tes pas me guidant à travers cette si jolie opportunité pour te suivre ou te précéder .

Quand j'ai découvert la cuisine ouverte sur la vie, des centaines d'odeurs ont assailli mes narines, toutes ces recettes qui ne demandaient qu'à être réalisées au pied levé ou à mijoter toute une journée.

Je m'y voyais, je t'y voyais, nous y étions.

J'ai ouvert les fenêtres de ce possible, j'en ai respiré le bois, le métal, le minéral, j'étais bien.

Un air de jazz bien connu vint à mes oreilles, Summertime, sans hésitation j'en fredonnais le thème mais tu ne me répondis pas,  ce qui n'était pas dans tes habitudes, où étais tu donc passée?

Pas dans le salon car son parquet en bois aurait trahi ta présence de par son expressive musicalité. Et à ce que j'en deduisais, tu n'étais plus dans l'entrée.


Upstairs

Un escalier en pierre m'invitât alors à te rejoindre dans une des chambres à l'étage, peut être y faisais-tu une sieste?

Et moi qui rêvais déjà de m'allonger à tes côtés pour te contempler.

Une légère pénombre imposée par des persiennes permettait de garder l'étage ensommeillé. Mais où étais tu donc cachée?

Ni dans la chambre blanche, ni dans la chambre bleue, ni dans celles des amis mais bel et bien dans celle qui te servirait de bureau, j'en étais à présent presque sûr, je te retrouverais alanguie sur ta méridienne, un livre ouvert, posé sur les cuisses.

Au grincement de la porte, tu ouvrirais un œil puis l'autre, tu me sourirais et à cela je répondrais en déposant un baiser sur le rouge de tes lèvres, je lirais alors le titre de ton livre "Summertime" d'un auteur inconnu.

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