La malédiction d'Agathe

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Synopsis

Agathe est une jeune femme de vingt-cinq ans, séduisante, intelligente, drôle. Elle a tout pour elle (c'en est presque énervant). Tout pour mener une vie épanouie et heureuse. Mais (puisqu'il y a toujours un "mais"), elle est victime d'un terrible maléfice: depuis qu'elle a quitté son ex compagnon du jour au lendemain, sans aucun tact ni aucune excuse, elle est condamnée à ne pas trouver l'amour. Car à chaque fois qu'elle passe la nuit avec un homme, elle prend au petit matin l'apparence d'une ex de celui-ci. Gênant. Handicapant même. Le jour où sa route semée d'embûches croise celle de Léo (qui est séduisant, intelligent, drôle mais qui lui n'est pas victime d'un maléfice! Il y en a qui ont de la chance...), Agathe tombe sous le charme. Mais comment va t elle faire pour le garder dans ses filets alors qu'elle est contrainte de prendre l'apparence de l'horrible, de la détestable Fanny, l'ex de Léo?

Chapitre premier: Le problème d'Agathe.

Voilà, je le sais, je le lis dans son regard. Il a vu. Il a compris. Il est horrifié. C'est vrai que la différence entre hier soir et ce matin doit être ... saisissante.

Oyez, braves gens, le bref résumé d'une déchéance: la mienne. Une illustration typique du problème qui me suit depuis maintenant un an. Que dis-je? Problème? Malédiction plutôt! Enfin, trève de bavardages geignards, voici les faits.

Dans la nuit, à trois heures du matin, en boîte, je suis (n'ayons pas peur des mots) parfaite: cigarette, verre de vodka et corps de rêve, les artifices aidant (je refuse d'en faire une liste exhaustive mais vous devez comprendre de quoi je parle, l'arnachement de la guerrière en chasse: soutien-gorge pigeonnant, culotte gainante, maquillage de pro...) J'ai le regard d'une tueuse et je le vois s'approcher. Il est vraiment beau. Et il le sait. Et il sait que je sais qu'il le sait. Et il sait que je sais qu'il sait que je...

- Salut... Tu es seule? Je m'appelle Quentin.

Belle approche, très originale, très subtile... Je fais la moue ( Oui, tout à fait, je dégaine une moue à la Scarlett O'hara, je me suis entraînée). Il faut se faire désirer.

-Si tu préfères , je m'en vais, insiste t il sans avoir l'air d'insister.

-Non, je préfère que tu restes et que tu m'offres un verre, lui dis-je avec un sourire à la Marylin (je me suis entraînée aussi).

De là, comme d'habitude, la conversation s'engage. Puis, comme d'habitude, une danse. Puis le baiser aux vapeurs d'alcool. Les débats enflammés qui n'ont de sens que lorsqu'on a trois grammes dans le sang. Le taxi. L'ascenseur. La clef qui tourne (après maintes tentatives) lentement mais sûrement et ouvre les portes d'un nouvel appartement. Le lit. Le cul. Cette fois, c'est bon, c'est agréable, entre brutalité et douceur. Et puis, chose importante, il ne fait pas de choses bizarres (une fois, je suis tombée sur un cas particulier qui voulait que je lui mette les doigts dans le nez. En pleine action...Comme si c'était facile de viser les narines quand on bouge. Enfin...). On fume. Les volutes paressent au dessus de nous et de notre conversation qui s'étiole. Il me plait. On s'endort.

J'aurais dû rester éveillée. J'aurais dû partir avant qu'il ne soit trop tard. Mais j'étais fatiguée...

Un balbutiement pathétique me réveille.

-Pa...Pa...Pamela? C'est toi? C'est... vraiment toi?

Je me redresse en sursaut. Il me dévisage, abasourdi. Je me lève et attrape mes vêtements aussi vite que je peux.

-Non, moi , c'est Agathe... Heu, non, tu as raison, je suis Pamela... Il faut que j'y aille.

Il sort du lit en trébuchant et m'aggripe le bras, m'empêchant de sortir.

-Pamela, tu es enfin revenue. Je suis tellement heureux. Je t'aime.

Ses yeux ont la même expression que celle de mon épagneul quand il veut choper une maxi cuisse de poulet. Ses lèvres pendent, lui donnant un air affreusement mièvre. Puis soudain:

-Mais , hier, ce n'était pas toi. Hier, c'était... une autre...

Voilà, je le sais, je le lis dans son regard. Il a vu. Il a compris. Il est horrifié.

Il faut que je parte. Je me dégage brusqument et file aussi rapidement que possible avec une chaussure à moitié mise et un bas qui se fait la malle. Il reste immobile, les bras ballants.

Sortie de là, j'erre dans la ville encore éteinte. Je ne supporte plus ce maléfice. Etre condamnée, au lendemain d'une rencontre, à prendre l'apparence de l'ex du mec avec qui je passe la nuit. C'est trop. Il faut que cela cesse. Voyons, remontons encore une fois aux origines de la malédiction. L'année dernière,  après quatre ans de vie commune, j'ai quitté brusquement le garçon avec qui je partageais tout. Sans raison. Parce que j'en avais ma claque de la routine. Parce que je voulais autre chose. Et depuis, l'histoire se répète. Si je rencontre quelqu'un, que je passe la nuit avec, je prends au petit jour, l'apparence d'une de ses ex...

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