La marche
Carine Valette Ayala
Je marche. Chaque jour mes pas
S'additionnent les choix bruts
Naturels me conduisent.
Je pénètre chaque jour plus
La matière. J'enfonce mes
Empreintes ont beau s'effacer
Toujours, je marche.
Je vois lentement défiler tous leurs yeux
Ceux qui restent. Fixes établis
Ils broutent leur quotidien.
Tels ses bêtes le peuple rumine ses actes.
Parfois j'en croise comme moi.
Sans domicile fixe. Inflexibles.
Certains errent, d'autres passent.
Comme moi ils fixent leur horizon
S'en rapprochent.
Qui se rappelle de moi? Ai-je marqué
Les âmes dont je me souviens?
Ces bitumes que j'empreinte et me heurtent,
Gravent à leur tour mes cornées.
Ils ont beau défiler je peux dompter leurs stigmates
Qui s'enfoncent en ma chair.
Mes plantes se voûtent.
Mon poids chaque jour plus léger est plus dur à porter.
C'est mon âme. Mon esprit n'a pas à se préoccuper.
Les choix cardinaux sont les seuls que je laisse filtrer.
Mes empreintes courent.
Elles s'effilent en ombres majestueuses
Vers cette ligne lointaine.
La nature m'offre son rythme
Libéré. Dominatrice j' écoute
Son sang dans mes pas. Il flotte
En moi. Le tempo flegmatique.
De la marche, cette danse fourmilière
Remonte chaque jour, elle stimule la sève vitale.
Inévitable galop.
Parfois une musique, le plus souvent
Déconstruite, gigote ou gémit.
Elle gratte au sens de la marche, au ras des pâquerettes
T'as beau la couper. Comme un chiendent...
La marche ne s'arrête pas.
Conduite par une transe sociopathe elle grince
Aux portes. Pas de répit.
Je suis partie.
Pour fuir la marche insensée.
Chaque pas m'en éloigne.
Merci Beaucoup!
· Il y a plus de 10 ans ·Carine Valette Ayala
Belle musique, j'ai marché aussi
· Il y a plus de 10 ans ·ecriteuse