La Mer

Benjamin Cuevas

Je l’ai vue la mer, un jour. Je l’ai photographiée, la mer. Je l’ai vue la mer, un soir. Je l’ai écrite, la mer. De la ville qui tremble aux étendues sans fin, le désert c’est la mer après tout. Oh, le soleil plonge. Je l’ai imaginé. Fondre, fuir, en des cavités profondes. Ce soleil rouge, ce boléro, prélude à l’après-midi d’un faune.Quant à la fille, face à la mer, Raphsode ou Carmen, elle dansait sur la plage.Le regard noir, et les tringles des sistres tintaient avec un éclat métallique.Sur cette étrange musique, dit-on, les Zingarellas se levaient. Alors, je l’ai entendue La Mer. Ses notes. Ses vagues. La houle. Le vent l’a poussée sur les rochers. Eclatante. Eclaboussée. La mer lourde et mobile. La mer jamais tranquille. De la cime des plages normandes à la Roue de Coney Island. Jusqu’aux récifs de Marine Drive. La mer molle. La mer folle parfois. La mer, ma route, mon désert. La mer qui nous porte et nous fait traverser.Quant au jeune homme pieds nus sur le sable mouillé,“ Voyage ! ” lui dit la mer, à ses pieds, essoufflée.

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