La mer de feu

Tu te noyais dans une mer de feu.

Tout, autour de toi, rappelait le chaos.

Tes mains bleues, tes joues rouges. Tu avais le feu aux tempes, tu pleurais plus que de raison. Tristesse, fureur. Rage, désespoir. Le froid de l'hiver te brûlait la peau. La neige avait dévoré tes semelles. Dans cette maison, là-bas, crépitait un feu de cheminée. Et toi...

Toi, tu te noyais dans une mer de feu.

Tu vivotais en continuant ta route : tu sillonnais ces routes que la neige brûlait, tu réchauffais tes mains glacées par une fumée douce qui sortait de ta bouche. Tout, autour de toi, avait cette couleur d'apocalypse. Le soleil d'hiver, plus rouge que celui de l'aube, plus rouge que ne l'étaient tes phalanges rongées par le froid, répandait ses rayons effervescents sur un sol de glace. Et toi...

Toi, tu te noyais dans une mer de feu.

Tu avais vu ce lac, sur lequel tu patinais autrefois. Tu l'avais vu avec des yeux rouges de passion, brûlants du désir de recommencer. De chausser tes patins, de les entendre crisser sur la glace en fusion. Fusion de ton art et de ton corps. Le soleil dardait ses rouges rayons sur le lac glacé. Tu étais toi-même glacée en posant un pied sur l'eau solide. Tu brûlais d'envie de marcher sur cette terre faite d'eau et d'air glacé. Marcher sur l'eau gelée et dure comme du marbre. Comme un morceau de fer forgé par le feu.

Sur de la glace qui crisse, sur de la glace qui craque, sur de la glace qui fond...

Mais toi...

Toi, tu t'es noyée dans une mer de feu.