Il y a longtemps Je me souviens
Le calme avant la tempête,
La première longue nuit
Avant celle qui suit.
Il faisait humide et chaud
Dans le liquide
Amniotique
De la mère Adriatique,
Où je baignais les yeux fermés.
Les autans ne soufflaient pas
Par-delà l'ovoïdale chair.
Le temps ne filait guère
Et j'étais comme chez moi.
Il y a longtemps Je me souviens
Je dormais Paisiblement
Comme assoupis sous mille pins
Et j'étais bien.
Je ne connaissais pas encore maman
Mais j'étais bien.
Je n'ai jamais voulu Venir à la maison
Quitter des yeux L'horizon
Clos
Que je voyais depuis ma Mère
Les pieds dans l'eau.
A l'heure du premier repos
Dans le premier chez-soi,
Avant les premiers tracas
Et l'inéluctable déception de ce monde
Où tout est neuf et tout est vieux ;
On était mieux dans l'onde
Amniotique,
Dans l'œuf
Originel De la mère
Aquatique.
Ouvrir des yeux L'horizon
Éclos
Sortir la tête de l'eau.
Voir les premiers oriflammes
Qui nous brûlent la peau
Et nous transcendent l'âme.
Le vent souffle Il fait froid
Comme dans un gouffre
Qui n'en est pas.
C'est mystérieux C'est curieux
Mais on se lasse
On ne comprend pas.
Pourquoi suis-je là ?
Je n'ai pas voulu ouvrir les yeux
Me réveiller
De la première longue nuit
Avant celle qui suit.
Maintenant je sais qu'un jour
Je vais me rendormir
Pour toujours
Mais dans quelle mère,
Face à quels yeux ?
On n'a plus de mère quand on naît une fois
Pour nous bercer de ses bras
Quand on meurt, l'autre fois.
Naître
C'est être
Orphelin.
Je veux mourir face à la mer
(Sans avoir rien compris)
Et je penserai
Avec chagrin
Que je suis né face à la mienne
(En n'ayant rien compris).
C'est très beau
· Il y a plus de 9 ans ·ella
Merci ella !
· Il y a plus de 9 ans ·nicolas-r