La nuit
lazyjack
La nuit s'est allongée aux frondaisons lointaines ; elle a marbré de gris les roses finissants. Elle a piqueté d'argent la toile dévoilée du film du crépuscule. La lune, pudique, derrières ses nuages jaunes, surgira bien plus tard à la minuit passée, quand la nuit m'accueillera pour de bon, quand je me serais tu pour longtemps et que j'entendrais son silence vivant. J'errerais sur la lande dans ses draps de pénombre, je laisserais ses bras se refermer sur moi, une fraîcheur qui s'estompe, le froid qui la poursuit. Oserais-je lui parler avant que l'on se quitte et qu'elle me le reproche par la morsure de l'aube ? Jalouse de mes jours, je lui raconterai tout, les couleurs qu'elle ne sait pas, les sons inouïs, le bouillonnement intense de la lumière. Elle me chantera la paix, trêve du crépuscule et me dira ses regrets de l'aurore à venir. Elle remontera sa robe et montrera ses jambes au soleil qui en rougira de plaisir au petit matin.