La nuit, je vis

Moi je vis la nuit, j'interroge les étoiles, les nuages, l'horizon, je ne le connais pas, plus je veux me rapprocher de lui, plus il s'éloigne, c'est du pain béni quand un bateau se dessine au loin, entre ciel et mer, j'imagine de lointains paradis où j'irai un jour peut-être. A l'origine du monde, de l'univers, les nuages étaient comme maintenant, sages ou déchaînés et noirs comme la mer. La poésie également car les hommes pleuraient aussi à l'époque des dinosaures. Longtemps j'ai agi je crois comme si j'avais plusieurs vies, comme si j'avais plusieurs vues de l'esprit, la pensée unique au secours, on veut nous l'imposer comme la monnaie mais elle n'existe pas enfin si malheureusement et elle s'appelle dictature.

Ce mot me laisse de glace, m'assassine tel un vacarme de canons dans les tranchées. Passons, je n'ai guère le courage d'affronter des images violentes au moment où le ciel est noir et si mystérieux. Je vaquerai demain à des tâches quotidiennes et monotones, c'est aussi ça la vie, mais aussi à un travail d'écriture qui me passionne. ça c'est ma vie, ma contribution à la vie sensationnelle de la réflexion et de l'intellect qui se porte en ce moment sur la langue allemande. Aucun rapport avec la dictature allemande cela va sans dire mais au contraire sur sa richesse et lorsque l'on sait que le terme "vocabulaire" est aussi vu comme un trésor, c'est le paradis qui s'ouvre à moi. Comme quoi le paradis sur terre est possible bien sûr. Et heureusement! Il est comme ces grains de beauté qui embellissent la peau, une oasis, un havre de paix. Mais chut ne réveillons pas les esprits de la nuit qui pourraient leur nuire.

J'aime le bruit du tram dans la nuit, il me rassure, des gens vivent encore dehors, dans leur cabine de conducteur, à l'arrière combien de passagers déconnectés malgré leur portable qui fonctionnent comme des radars, des phares dans la mer tourmentée. Etre connecté aujourd'hui, c'est se croire à la page... Enfin si peut-être... Je préfère l'expression "être en lien avec": les siens, ses proches, ses amis... Dans une ville plus ou moins grande, plus ou moins connue, ou vivante, un endroit qu'on aime bien ou pas.

Moi je vis la nuit, je m'interroge sur le sens de la vie, gros trou noir, comme dans l'espace ou la nature comme dans un cri où l'on sait que l'enfant est né.