La nuit, on ne dort pas

Dorian Leto

Ecrit lors d'une tempête, sous la pluie, les cheveux collés au visage et la folie ancrée dans les veines.

Sous le dôme de l'orage :
Courant électrique
Et c'est un violacé aveuglant qui strie le ciel, rend chaque ombre visible, distingue chaque nuage
Sous le dôme de l'orage :
Le vent qui souffle si fort qu'il assourdit,
Qui fouette, s'attaque aux visages
Et la pluie poussée en torrents démentiels
Qui lacère les figures, colle les cheveux, les vêtements, met à nu
Sous le dôme de l'orage :
Le tonnerre qui roule ses longs cris dans l'océan déchaîné du ciel
Et rend à la nuit sa beauté oubliée
Et rend aux paysages désolés leur profondeur
Sous le dôme de l'orage :
Apocalypse
Cela était écrit
Les cavaliers semblent se rejoindre sous le ciel pour apporter la fin
Pestilence, Guerre, Famine et Mort
Sous le dôme de l'orage :
La nuit, on ne dort pas
On marche dans les rues,
Fantômes dépravés par le temps,
Usés par les eaux
On danse avec la pluie et on meurt avec le vent, contre les parois des églises
On hurle dans le néant
Avec le ciel et ses attaques démoniaques pour seuls témoins
Et les palpitations cardiaques se perdent dans le bruit du tonnerre
Et les hurlements de jouissance s'en vont avec les souffles glacés qui déchirent et lavent les âmes à la fois
Sous le dôme de l'orage :
On expose les corps aux maladies du monde
On expose les esprits aux combats des hommes
On expose les âmes au vide des cœurs
On expose les êtres à leur fin
Sous le dôme de l'orage :
Plus rien d'autre que la nuit, le bruit et les lumières épileptiques n'a de sens
Seul le déchaînement demeure
Chez les déchaînés
Chez les nouveaux romantiques -chez les faux-romantiques-
Qui prennent plaisir dans la dépravation et l'acédie
Mais masquent aux yeux du monde leur jouissance coupable
Et se contentent de vomir leurs mots
Et de perdre leur mort, puisqu'ils pervertissent leur âme
Et vident leur être
Sous le dôme de l'orage,
De ces griffes qui semblent déchirer le ciel,
De ses roulements impétueux,
De sa tempête dantesque,
Il y a de petits êtres fragiles dont les forces sont décuplés et qui, tenus seuls dans les enfers, deviennent des dieux
Les dieux tout-puissants de la fin du monde
Les dieux tout-puissants    
Les dieux
Dieu
Sous le dôme de l'orage :
La pluie qui coule sur les joues et rend les corps collants, fuselant les silhouettes
Le tonnerre qui assourdit l'esprit et masque les cris de rage, libérant les désespoirs
L'éclair qui déchire le ciel et révèle les beautés enfouies, éclairant les invisibles
Le vent qui donne le sentiment de s'envoler, forme une couverture immatérielle
Et les rires nerveux,
L'envie de se laisser tomber quand les forces divines s'envolent avec l'orage
Et qu'alors seul demeure le néant.

  • J'aime beaucoup votre texte; le déchaînement des éléments vous inspire, moi il me fait peur, je déteste l'orage.Je vis au bord de la mer et j'ai vécu de fortes tempêtes sans crainte aucune mais l'orage c'est plus fort que moi, il faut que je me réfugie quelque part à l'abri. la beauté du ciel d'orage telle que vous la traduisez dans votre poème me montre que je perds beaucoup!

    · Il y a presque 6 ans ·
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    arzel

    • Vous devriez essayer, ne serait-ce qu'une seule fois: les sensations extrêmes sont, je crois, absolument nécessaires à l'élévation de l'âme -si je puis me permettre le terme. Juste une fois, les yeux fermés, sans protection aucune, face aux éléments: vous en ressortiriez grandi.e.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Profil 2018.04

      Dorian Leto

    • je sais d'où vient cette phobie: quand j'avais 4 ans , j'ai vécu un orage épouvantable : les prises de courant lançaient des éclairs... je crois que je ne m'en suis jamais bien remise....

      · Il y a presque 6 ans ·
      Default user

      arzel

    • Il ne faut jamais rester enfermé par le passé.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Profil 2018.04

      Dorian Leto

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