La peau

La peau, en voilà le vrai vêtement. 

Parsemé de cuirs ridés et tannés 

Par des artisans aux vertus fanées. 

Noble costume que ce vêtement. 

Qu'il soit de son corps ou don de la Mort, 

La peau est un pagne dont l'élégance 

Donne à son porteur cette extravagance 

Du sage cynique à la folle mort. 

A Corinthe où meurt Diogène le Chien, 

Quelle renommée que la peau du sage. 

Or le textile - vulgaire pelage !-, 

N'est bon qu'à museler la gueule du chien. 

Donc, as-tu compris que pour revêtir 

L'habit idéal il faut ne rien mettre. 

Sinon je saurais pour plaire à mon maître, 

Écorcher ta peau, pour m'en revêtir. 

Qu'importe les trous, quel pagne sublime 

Que celui des chairs cousues avec charme ! 

Sitôt déchiré, ce manteau de carme 

Siéra merveilleusement à mon sublime 

                                  esprit !