La peinture sur soi

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Humiliation d’adolescente

La jeune fille avait 14 ans lorsqu'elle tenta pour la première fois un trait de crayon sous ses yeux et un brillant rosé sur ses lèvres. Elle était fière de sa féminité naissante et de ses longs cheveux clairs et s'était dit qu'en ce dimanche de sortie, c'était une belle occasion de se faire belle.

Son enthousiasme tomba d'un coup lorsque la grand-tante la saisit par les épaules, l'éloignant d'elle pour mieux la détailler et lui lança dégoutée:

 Tu t'es mise à la peinture sur soi!

Elle rougit à la remarque bien qu'elle n'ait pas vraiment compris toute la subtilité et l'ironie acerbe du jeu de mots. Elle se renfrogna, baissa les yeux et s'assit sans broncher autour de la toile cirée, détachant dans sa tête chaque syllabe qui l'avait choquée.

Quelques minutes plus tard, elle réalisa toute la portée des mots et rougit à nouveau honteuse, même si elle ne savait pas exactement de quoi.

Elle aurait dû s'en douter, la tante acariâtre au chignon haut perché et aux lunettes en écaille avait tout de la vieille chouette rébarbative. D'aussi loin qu'elle se souvenait, elle avait toujours détesté lui rendre visite.

Déjà lorsqu'elle était petite, elle l'accueillait toujours sans rire avec des yeux perçants qui passaient toujours l'inspection.

Sa maison était aussi froide que la harpie, ça sentait le vieux et l'ennuie, des relents de lait caillé et de naphtaline qui assaillaient ses jeunes narines et la faisaient soupirer à peine le seuil franchi.

Ni canapé, ni télé, ni livres jeunesse dans l'antre de la mégère, le temps s'écoulait interminable entrecoupé de l'interrogatoire obligatoire sur les notes de l'école.

Elle avait grandi et faisait des efforts à chaque visite pour sourire et se rendre agréable à la vieille femme qui avait toujours été seule mais là à cet instant, elle la détestait!

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