La pensée maurrassienne

saurimonde

Conférence édifiante sur la pensée maurassienne par Adrien MOLIN. Conférence donnée au sein d'un cercle de l'Action Française.

La pensée maurassienne

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(Conférence du 23 mars 2020)

 

Conférencier : Adrien MOLIN, de la section Action Française de Bordeaux.

"Le petit poussin brise sa coquille et se met à courir... "

Nos contemporains sont d'accord pour dire que la démocratie serait le régime parfait où régnerait l'ordre politique. Une volonté d'une majorité permettrait de guider les choix de l'état.

Il serait synonyme d'aboutissement civilisationnel.

L'apanage de l'individu, toute-puissante et irréversible, ce serait la loi du nombre qui permettrait l'ensemble de ces vérités.

La grande erreur de Rousseau, est de penser que l'homme est libre de nature. C'est la vie en société qui l'a forcé à mettre de côté une partie de ses libertés, par conséquent c'est la société qui corrompt son être.

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen, prend ses racines dans ces pensées rousseauistes.

Cette thèse démocratique est totalement remise en cause par l'observation de la réalité, Maurras va articuler une notion d'ordre.

LA POLITIQUE NATURELLE : ANTHROPOLOGIE MAURRASSIENNE.

Dans Mes idées politiques (1937), en 60 pages Maurras va dresser un des piliers de sa pensée, la doctrine maurrassienne est l'aboutissement d'une longue et minutieuse réflexion, Maurras va proposer un système déductif et non inductif.

Ce retour au réel il n'a rien d'anodin, si on ne repense au contexte dans lequel il est né et a pris forme, et ce à quoi il s'oppose.

Depuis la deuxième partie du 19ème siècle, l'Europe est en proie aux modernités suivantes : le libéralisme, le progressisme, le nihilisme.

La pensée de Maurras va s'élever contre toutes ces utopies, par la tradition aristotélicienne, thomiste.

Avant d'entrer en politique, l'ordre est quelque chose que Maurras a cherché à découvrir et à redéfinir de manière exhaustive et totale : tout se passe comme si notre intelligence était secrètement accordée au monde.

Il a traversé une crise existentielle, a rejeté la foi catholique de son enfance, atteint de surdité, profondément malheureux, le sentiment prend le dessus sur l'intelligence, il a voulu redonner le primat à l'intelligence humaine.

Il va affirmer : ce qui m'étonne ce n'est pas le désordre, c'est l'ordre.

Le monde n'est pas absurde, n'est pas opaque, il peut être compréhensible, le monde est ordonné.

L'ordre serait donc le fait que l'univers répond à des règles.

L'ordre c'est le fondement de tous les processus du monde.

L'être : ce qui désigne une réalité quelconque (table, personne, une idée, une fiction).

L'essence des choses : c'est ce qui fait la nature d'une chose, et donc d'un être.

Maurras parle de l'ordre de la vie et non d'un ordre artificiel, qui rend le monde intelligible et ne le transforme pas en chaos.

Il n'y a pas de lois nouvelles…

L'intelligence n'a qu'à se soumettre au réel.

"La raison et le sentiment se soutiennent tour à tour et se réglant l'une par l'autre, sont la sauvegarde et l'espérance du monde. L'homme n'a rien créé qu'en fondant les calculs pères de son labeur sur la stabilité des éléments ou la fidélité de leur course. Tout notre pouvoir vient de là. Il disparaîtrait sans cela. Que deux et deux cessent de faire quatre, que le cours des saisons soit seulement inverti, imaginez l'universel désarroi ! Pensée, art, civilisation, tout commence par un acte de foi à l'immuable essence des choses."

Le sens des choses est immuable.

Alfred Musset et Georges Sand, qu'il va critiquer énormément.

L'amour est un de ces principes qui composent la vie, qu'il faut accorder au reste du monde.

En quoi l'Homme est un animal social ? Il va appliquer l'ordre à la vie sociale, il va reprendre les postulats des événements historiques.

Les trois caractères de la vie essentielle en société pour l'homme :

Premier caractère : le travail social.

Deuxième : la liaison organique entre les générations.

Troisième : le capital matériel et immatériel, le capital moral, qui sont à transmettre.

Ces idées s'opposent au rousseauisme, c'est la politique naturelle.

L'inégalité protectrice : l'homme est-il libre ? laissé libre à sa naissance, il ne pourrait que mourir. Nous ne naissons ni libres, ni égaux. Chacun est interdépendant des uns des autres. Nous avons besoin d'un boulanger, de tous les métiers, pour avoir une vie décente. 

De cette diversité va naître l'association. 

"Aurait-il recherché si avidement le concours de ses semblables s'ils n'avaient été dissemblables, s'ils avaient tous été ses pairs, et si chacun lui eût ressemblé comme un nombre à un autre nombre. Ce qu'il désirait en autrui était ce qu'il ne trouvait pas exactement de même en lui. L'inégalité des valeurs, la diversité des talents sont les complémentaires qui permirent et favorisèrent l'exercice de fonctions de plus en plus riches, de plus en plus puissantes. Cet ordre né de la différence des êtres engendre le succès et le progrès commun."

Il s'attaque à la moraline, à ceux qui utilisent une vision moralisatrice en politique.

L'homme s'il veut exercer sa liberté, il est obligé d'utiliser l'ordre de la nature. Les lois qui existent depuis toutes éternités. Il ne peut rien contre ces lois de la nature.

On commande à la nature, qu'en lui obéissant. 

Induction empirique (l'observation) l'enfant reçoit plus qu'il ne donne. 

Définition aristotélicienne de l'essence de l'homme :

L'homme est un animal social, un animal politique, qui est un animal religieux. (Donc la société fait partie de l'essence humaine.) 

Homo politicum : homme qui battit les cités. (Politicum animal est homo.)

Le roi est en face du contre-pouvoir des parlements, des corporations, beaucoup de mécanismes de responsabilités. Et aussi dans le fait que le roi dans tous les cas est lié au destin de sa nation. C'est la première des choses. Si le bateau coule il coulera avec le navire. Depuis 150 ans c'est exactement le contraire, les gens quitteront le navire avant même que la situation ne devienne trop grave.

Les meilleures conditions de prospérité est un héritier au pouvoir. Il fait ce lien dans la continuité que permet l'héritage et l'hérédité en politique, comme dans une entreprise le roi qui règne remet le trône à son fils qui lui-même doit s'assurer de la pérennité et du succès, en l'occurrence de la nation et faire en sorte que la nation grandisse et prospère, devienne pérenne. Le roi est comme le capitaine du navire, il coule avec son bateau. Il n'a aucun intérêt à ce que le navire coule, le problème avec les contrats présidentiels est que les présidents n'en ont rien à faire que la France soit prospère. 


 ⚜️ Questions des auditeurs de la conférence, et réponses du conférencier.

Q : Maurras défend-il un ordre naturel ? est-il panthéiste ? il ne l'est pas au sens de Spinoza, il pense qu'il y a quelqu'un au-dessus de nous, et que Dieu est au-dessus de cet ordre. La nature est contingente avant tout. 

R : Il ne l'est pas au sens de Spinoza, il pense qu'il y a quelqu'un au-dessus de nous, et que Dieu est au-dessus de cet ordre. La nature est contingente avant tout.

Q : Est-ce que pour Maurras l'inégalité de condition dans laquelle l'Homme est jeté au monde doit se traduire en une forme d'inégalité de droits entre les sujets/citoyens au sein de la nation ? 

Retirerions-nous des droits au citoyen en cas de monarchie ? 

R : Les libertés fondamentales ne seraient pas retirées, à chacun selon ses compétences. Il y a depuis longtemps des gens incompétents au pouvoir. L'égalité n'existe pas en tant que tel.

Q : On dit souvent dans nos milieux que Rousseau, par son idéologie et par sa conception de l'homme et de la société, est à l'origine de la plupart des totalitarismes du XXème siècle (Nazisme et Communisme notamment). Es-tu d'accord avec cela et si oui peux-tu nous expliquer en quoi c'est vrai ?

R : Si on fait une corrélation entre Rousseau et la révolution française, et que l'on considère que la révolution est la mère de tous les totalitarismes, il y a une corrélation qui est faisable. Cependant Nietzche on a souvent dit qu'il était à l'origine du nazisme et que les nazis s'en sont beaucoup inspirés. (Nietzche abhorrait les nazis et libellait à leur encontre.) 

Q : Toute idéologie ou utopie (en ce qu'elle n'a pas pour fondement le réel et l'essence anthropologique) est-elle vouée à l'échec ? 

R : Effectivement, les idéologies sont par définition opposées au réel. L'Histoire le montre en tous cas. Oui, c'est voué à l'échec.

Q : De plus, peut-on supposer une interdépendance de tous les Hommes ? La contractualisation de notre société, ne favorise-t-elle pas, voir n'oblige-t-elle pas l'aide envers certains individus qui n'apporte aucun gain fondamental au groupe (cf. Nabilla) ?

R : Cela démontre bien la baisse du niveau général, global, c'est un constat. On a une forme de processus, qui vise à rassurer le tout un chacun en mettant en avant des abrutis finis, c'est anthropologiquement intéressant. Il s'agit de l'homo festivus, le divertissement. 

Q : Pour comparer les sociétés animales et humaines, il faut supposer la société humaine comme purement naturelle ? Qu'en penses-tu ?

R : On en revient à un état de nature, un état sauvage, sans transcendances. 

Q : Dans sa définition de la Civilisation (et non pas de civilisations), Maurras porte bien un jugement de valeur positif sur la "société qui lui est antérieure" ?

R : C'est un récit initiatique, il montre son amour de la civilisation greco-latine. 

Q : Quelles réponses peut apporter la politique naturelle aux théories de construction du genre, ou même plus globalement des théories qui rendent tout culturel et construit ?

R : La politique naturelle s'oppose totalement à ces constructions allant contre leurs essences mêmes. C'est pour cela que l'idée de Maurras est fondamentale. 

Q : Comment instaurer une monarchie ?

R : La théorie du coup de force. Une école de pensée solide, rassembler un maximum de gens, intégrer toutes les sphères utiles de la société. Notamment des sphères du pouvoir et de la société civile. 

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