La petite fille et le goéland
Michele Hardenne
La petite fille et le goéland.
Il était une fois, une petite fille qui vivait sur un nuage.
Elle enfilait des perles de pluie et se faisait des colliers scintillants, qu’elle rangeait dans un coffret qu’elle gardait à ses côtés.
Un jour, une perle lui glissa des mains et elle se pencha au bord du nuage pour la rattraper.
Un vent qui passait par là, se prit dans les pans de sa robe de soie et la petite fille bascula.
Elle croisa dans sa descente vertigineuse des oiseaux qui se moquaient d’elle.
-« Dis-donc Princesse, regarde où tu vas, tu as bien failli me heurter, quand on n’a pas des ailes on ne vole pas ! s’écria un pigeon qui passait par là.
La petite fille laissa s’échapper des cris, elle appelait au secours, mais le vent emportait ses sons.
Un goéland qui planait au-dessus d’une mer tranquille, avait repéré au travers de la limpidité des eaux salées, un banc de poissons qui semblait bien pressé et goûteux à souhait.
Sourire au bec, il allait s’apprêter à plonger lorsqu’une masse blanche informe le frôla, tomba dans la mer et l’éclaboussa.
La petite fille se mêla aux poissons, créant un remous dans les eaux :
- Dis-donc Princesse, regarde où tu vas, tu viens de briser nos rangs, quand on n’est pas un poisson, la mer n’est pas faite pour toi !
La petite fille était confuse et s’excusa auprès d’une sardine qui avait mauvaise mine et paraissait très en colère.
L'élément liquide avait ralenti sa chute et les volants de sa robe remplis d’air la ramenèrent à la surface de l’eau.
Elle tomba nez à bec avec le goéland, qui ailes croisées lui montrait son mécontentement.
- « C’est malin, tu m’as gâché mon dîner » lui lança-t-il très fâché, « et puis d’où tu viens-toi, a-t'on idée de plonger de cette façon dans le garde-manger ?
-« Je suis désolée Monsieur le Goéland, mais j’ai voulu attraper ma perle de pluie qui a glissé de mon nuage et je suis passée par-dessus bord » lui avoua poliment la demoiselle.
Le goéland regarda le ciel et aperçut le nuage blanc.
Les yeux étoilés de la jeune fille et son sourire s’ouvrant sur des dents éclatantes de soleil, attendrirent l’oiseau.
- « Pour ta perle, je crois que c’est comme pour mon repas, tu peux lui dire adieu, la mer a donné, la mer a repris » lui dit-il en riant.
Le goéland se proposa de la ramener chez elle, le nuage l’attendait.
Pendant le voyage, il lui raconta des histoires qu’il avait vécues en survolant les océans.
Il la déposa sur son nuage et lui promit de venir souvent lui rendre visite.
Depuis, il n’est pas rare de voir, lorsque l’on est en bord de mer, un goéland qui s’en va rejoindre un nuage blanc, où l’attend impatiemment une petite fille qui enfile des perles de pluie.
Elle en fait des colliers, qu’elle lui passe autour du cou et qu’il va offrir à l’océan pour le remercier des bons petits repas qu’il lui laisse savourer.
M.H.