La princesse rose
Lou
-Princesse, restez où vous êtes!
Rose se retourna, faisant voler les froufrous de sa robe pastel. Ses yeux pétillaient d'une malice digne des enfants de cinq ans, et ses cheveux blonds, bien bouclés, descendaient sur ses épaules. Quelques mèches rebelles étaient retenues par des rubans roses, et sa peau blanche faisait penser à de la porcelaine fragile, de celle qu'on a peur de casser rien qu'en la touchant.
Elle était gracieuse, mais malgré sa tenue distinguée sortant d'un conte, ses chaussures étaient crottées, salies par la boue du sol. Son parapluie était tâché de terre, elle l'avait tant tourné, enfoncé dans l'herbe humide, tant fait virevolter, faisant fendre la pointe dans l'air, qu'il était crotté.
On l'appelait la princesse rose, c'était cette couleur qui lui saillait le mieux. Tout, de ces habits à ces jouets en passant à ses cahiers ou ses stylos, tout était rose. Son vrai nom, c'était Alouqua. C'était le nom du Démon femelle à la fois succube et vampire qui épuisait les hommes et les conduisait au suicide.
C'était un pronom horrible, et c'était son père qui le lui avait donné en voyant ces yeux.
Des yeux rouges.
Des yeux de démons.
Mais il s'était révélé que Alouqua, renommée Rose, était une perle. Une magnifique petite fille bien modèle, surveillée par Lord Moustache, un anglais aux bonnes manières qui empêchait la fillette de se rouler par terre.
-Princesse Rose, vous n'avez pas l'air heureuse...
Lors Moustache venait de la rattraper. Les mains sur les genoux, il reprenait son souffle après la petite course qu'il venait d'effectuer. Lord Moustache lisait en elle comme dans un livre ouvert.
Alouqua s'était fabriqué un sourire, un sourire en carton, en plastique. Elle le façonnait dans sa chambre en pensant aux fêtes suivantes. Elle souffrait, beaucoup. Son coeur s'était meurtri petit à petit, en voyant ses parents se disputer à longueur de journées. Elle présentait leur divorce. Il s'était meurtrit en regardant les autres, elle se sentait si loin d'eux, si différentes. Et elle se sentait mal. Rose n'était pas Alouqua. Rose était l'armure d'Alouqua. Alouqua était elle, une princesse noire. Une princesse triste qui se devait de rester forte pour ses amies, sa famille, son petit frère, le prince Théophile. Il avait hérité d'un nom normal lui.
Alouqua sourit à son Lord. Une boule dans sa gorge se formait, son ventre se retournait, son coeur hurlait de souffrance, une souffrance retenue depuis longtemps. Mais elle ravalait ses larmes, encore et encore.
A quoi bon pleurer.
Plutôt sourire. Faire la folle. Donner un peu du soleil qui persistait en elle aux gens. Car il en restait, il s'accrochait. Un tout petit peu de soleil, mais du soleil quand même.
-Oui mon Lord, je vais bien.
-Êtes vous sûre?
-Oui.
-Pourtant, c'est parfois dans un regard, dans un sourire que sont cachés les mots qu'on n'a jamais su dire.
Et la princesse Rose se fendit en deux. Se détruit.
Et Alouqua fondit en larmes dans les bras de son Lord à moustache et à monocle, tâchant son costumes de larmes amères.
"On pleure mais on finit par sourire ; et tout en souriant on pleure. "
merci les filles! ^^
· Il y a plus de 10 ans ·Lou
Un texte magnifique. Comme toujours ! ^^ Continue de nous faire rêver avec tes textes, c'est tout simplement magique.
· Il y a plus de 10 ans ·Julia
LA phrase qu'il ne fallait pas dire... Ou justement qu'il fallait dire pour qu'elle ait au moins quelqu'un à qui parler..
· Il y a plus de 10 ans ·J'aime bien (:
dreamcatcher