La rupture

Sy Lou

En réponse à Louve et à son poème "Au fil des mots" qu'elle avait gentiment et brillamment rédigé pour répondre à ma proposition... Merci de la bienveillance des lecteurs à mon égard...


Ils se sont séparés…

 

Dénoués, les liens étroits qui les unissaient.

Déliées, les amarres solides qui les retenaient.

La Terre entière est devenue un immense désert

Où désormais, égaré et ivre de solitude, il erre.

 

Sa souffrance vrille ses entrailles, il survit.

Elle est telle, qu'il n'a pas conscience de la vie,

Celle qui bruit autour de lui, tel un monde sauvage.

Sa désespérance est si profonde… Elle le ravage.

 

Tout est dépourvu d'éclat autant que de saveur.

Il est anesthésié, déconnecté, en apesanteur.

La charpente affective patiemment assemblée

Qui donnait du sens à son équilibre s'est écroulée.

 

Quelles sont les fondations mêmes de son existence ?

Un champ de ruines cristallisées dans la souffrance.

Aujourd'hui, les voilà remises totalement en question :

Il s'avère incapable de faire preuve de résignation.

 

Vision de ce qu'il reste d'elle en lui : comme hantée,

Chacune de ses cellules en est à jamais habitée.

Il respire, pense, ressent toujours comme elle.

Elle l'obsède, présence permanente incorporelle.

 

Elle occupe son espace vital, possède son âme.

Il donnerait cher et chair pour effacer ce drame.

Se souvenir du parfum de son corps le met au supplice.

Rien ne saurait amoindrir cette douleur destructrice.

 

Son inconscient aux abois la cherche, la quémande.

Il sursaute, s'affole, ses émotions le commandent.

Partout où elle n'est pas, il la repère, l'implore.

Il court après une ombre entraperçue, fantôme incolore.

 

Ce n'est finalement qu'un mirage qui le laisse chancelant

Face à la cruelle réalité de l'absence, constat accablant.

Son corps le supplie de lui ramener ce doux poison

Distillé par cette femme devenue son unique horizon…


Silencieuse, elle torture son sommeil chaque nuit,

Echappe à ses caresses mais s'enroule autour de lui.

Quand il s'aperçoit au matin avoir fait l'amour à un rêve,

Il hurle de rage, le cœur froid, transpercé par un glaive.

 

Il apprend dans la folie de ses sens le mot désamour

Et sa douloureuse résonance s'amplifiant, jour après jour.

Sa tristesse rivalise avec un sentiment de trahison.

Il sombre, persuadé de l'imminence de la déraison.

 

Un mois, une année ? Le temps ne lui appartient plus…

Il a posé sur le papier toute cette vie, l'a relue…

Une voix intérieure lui murmure : tu survivras…

Sans toi, dans les bras d'un autre, elle oubliera.

 

Mais sans toi aussi, elle se souviendra toujours.

Personne ne pourra nier l'existence de cet amour.

Dans cent ans, mille ans, l'univers en portera la trace.

Niaiserie ! pense-t-il. En vérité, je croupis dans l'impasse.

  • j'ai un peu de mal à "commenter" ce texte car il renvoie à beaucoup de douleur
    fort bien écrit, empli d'émotions, très bien retranscrit, bravo

    · Il y a presque 8 ans ·
    33

    torpeur

    • Tu l'as parfaitement commenté. Merci pour tes compliments et surtout merci d'avoir surmonté ta douleur pour m'apporter ta perception personnelle. J'en suis touchée.

      · Il y a presque 8 ans ·
      Coquelicots

      Sy Lou

  • Waouh ! ...Elle n'oubliera certainement jamais cet amour là ...
    Il est très beau ton poème Sy Lou ! Désirs, regrets qui torturent son cœur. L'absence, chaque nuit, chaque jour se fait de plus en plus douloureuse pour cet homme blessé.

    · Il y a presque 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci, Louve... Mais je préfère de loin ton poème, beaucoup plus aérien, léger, et aussi plus optimiste que le mien. Mais c'est mon état d'esprit du moment (je veux dire sur le fond).

      · Il y a presque 8 ans ·
      Coquelicots

      Sy Lou

    • "Il vaut mieux lire ça que d'être aveugle " On a un style différent ma Sy Lou, c'est tout, arrête de te sous-estimer (c'est l'hôpital qui se fout de la charité, je parle pour moi, là ) Bises !

      · Il y a presque 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • Louve, je te réponds sur ce texte-ci car je ne peux ouvrir ton commentaire sur mon texte "Je ne suis pas indifférente". Merci pour ce que tu me dis. J'avais l'impression de passer pour quelqu'un d'impoli... Je ne note jamais ni ne donne pas de coup de cœur. Cela ne veut pas dire pour autant que je n'apprécie pas les textes des différents auteurs. Je préfère un commentaire rédigé, plus vivant et plus personnalisé.

      · Il y a presque 8 ans ·
      Coquelicots

      Sy Lou

  • J'aime beaucoup ce poème.

    · Il y a presque 8 ans ·
    Image

    Ana Lisa Sorano

    • Merci beaucoup :)

      · Il y a presque 8 ans ·
      Coquelicots

      Sy Lou

Signaler ce texte