La sangsue

kelen

Quand tu fermes les yeux

J'sais bien que tu la vois

Et qu'elle te menace avec un pieu

Jusqu'à te faire perdre ta voix

Ta sangsue scelle ton coeur et tes poings

Et t'asservit à une vie sans destin

Petite extase chimique

Qui te shoote et t'excite

Mais qui t'éjecte en parallèle

D'un réel qui te débecte tant

Ne ferme pas tes belles ailes

Regarde, moi je t'attends

Tu vocifères jusqu'à faire trembler tes murs

Quand elle t'emmure et te mets les fers

Tu fais face et tu fais front au fur et à mesure

Jusqu'à ton volte-face involontaire

T'as beau forcer les coffre-forts

Ton corps garde en mémoire ses effets

Qui brise les os de ton corps

Sans cicatriser tes stigmates et tes plaies

A l'intérieur ca chauffe le long de ton échine

Des chocs et des décharges jusqu'aux poumons

Que t'asphyxie à coup de nicotine

Sans que tes lèvres puissent dire non.

C'est ça ou c'est pire

Subutex ou codéïne

Tu avales quand tu voudrais vomir

Sans pouvoir vomir ce que tu avales

Enfermé dans ta prison de souvenir

Qui s'imprègne dans ton idéal

Alors tu te tais et ton corps se tend

Le temps n'est plus à l'excès mais à l'attente

T'attends qu'ta sangsue s'évanouisse

Et que gicle de ta carotide ce sang

Vestige apatride des nécroses qui te punissent

Et t'empêchent de regarder droit devant

Un sang noir de haine et de peur

Qui coule le long de tes miroirs

Reflet de tant de rancoeur

Contre eux, les autres et surtout toi

Alors tu comptes et tu cours

Tes doses, tes rêves et tes jours

Alors tu t'accroches à mon coeur

Comme un palliatif à tes peurs

Et moi, moi j'm'emballe

A mesure que tu te dévoiles

Et moi, moi j'me perds

A chaque fois que tu désespères

Parce que tu vis dans l'éphémère, sur un fil

En équilibre sur ces airs qui te dépriment

Et tu me files entre les doigts sans prévenir

Avant même que j'ai eu le temps de jouir

Mais moi j't'aime comme ça tout cabossé

Les nerfs à vifs, le coeur fêlé

Mais moi j't'aime comme ça, tout excessif

Avec ton coeur et ton corps tout abrasifs

Moi j'te lacèrerai tes plaies pour que tu comprennes

Que t'es vivant peu importe la joie ou la haine

Et que j'serai là pour lécher tes blessures

Comme cette femelle qui ôte ton armure

De plaisir en poème

Et de poème en plaisir

Récolte ce que tu sèmes

Et laisse éclore nos souvenirs

Signaler ce texte