La soupe

t'es de dos vieux salaud

tu manges ta soupe, tu regardes dehors

y a rien pour toi, que de la fuyante

de l'horizon qui se barre

qui t'abandonne

on est pas loin nous,

deux couillons dans le canapé

un qui s'énerve contre la vie

un qui se crève les yeux pour pas voir la merde qu'il mange

la belle famille, y a que le reflet du formica pour nous faire de l'espace

y a pas de perspective dans un monde sans axe

pourtant dehors, ça baise, ça braille, ça joue

et nous on pleure ensemble

comme des cons

on se noient dans le passé, on en boit des louches

ici, on crève, on pleure, on souffre

et toi , comme un roc, tu manges ta soupe

rien ne t'arrête, ni la mort

ni les cris envoyés par tes fils

tu reste là, de dos, comme tout le reste de ta vie

celle où tu te tournes sans cesse pour ne rien voir

t'as trop pris de coup de pied au cul

que tu te sens obligé de tendre ton arrière train 

mais nous, on est petit, on lève pas la jambe si haut 

enfin pas encore

ta soupe est surement froide maintenant, toi aussi d'ailleurs

ça je le sais, j'en ai chialé des seaux y a pas longtemps

tourne toi un peu pour une fois, regarde en bas,

je te fais un signe

c'est pas grand chose

mais je suis pas grand chose

un pleurnichard, un homme qui mange pas de soupe

qui fait pas ses devoirs, qui dit pas merci,

qui dit merde et qu'aime le monde

il s'en contentera et toi aussi j'espère