La tante Marcelle et le club du jeudi
anakronique
La tante Marcelle et le club du jeudi
Je me souviens... la tante Marcelle habitait au dernier pallier d’un immeuble plutôt bourgeois, dans ce temps la, seul l’escalier permettait d’arriver dans un meublé qui prenait tous l’étage, et dans ce temps la le Roger Hassenforder venait de remporter la 5e arrivée Metz/Colmar avec bien des fantaisies sur sa bicyclette rouge.
Sont amoureux l’oncle Paulo, n’en ratais pas une des étapes du tour de France, il connaissait par cœur tous les coureurs et leurs équipes, et les soirs de juillet quand l’orage grondais vers les cotes de Moselle, il criait a la fenêtre grande ouverte aux vauriens du quartier, « monter montez les enfants venez regarder la course »
La course… elle pédalait dans une boite vitrée à l’odeur de cire d’abeille, qu’il appelait la TSF ; la TSF toute une histoire, l’oncle possédait la seule télévision du bourg, un événement qui lui avait couté plusieurs payes d ouvriers mal payés, peut importe la tante et lui avais toujours été avangardistes, il fallait bien que le monde le sache quand même.
Ca, ça les fascinait les mômes la boite a images, et par dizaines ils grimpaient les marches en colimaçons, par dizaines, assis dans le grand salon violet à regarder : Rivière, Anquetil, et Coppi enfiler les cols comme la tante Marcelle enfilait les mailles de sont tricot avec bienveillance sur sont petit monde.
« Les enfants dans le salon »… pour les deux éternels amoureux, c’était leurs joies de vivre, leurs façons de tenir le coup face a l’adversité, parce que dans ce coup la, les dieux avaient balancé la punition suprême, malgré bien des tentatives, bien des essais infructueux, la tante Marcelle n’avais jamais eu le plaisir de donner la vie a un petit d’hommes, et parfois, même souvent, ça lui déchirait dans le bas ventre toute cette stérilité qui n’en finissait pas.
L’oncle Paulo, surement par désespoir ou envie de comblé un manque, s’était mis en tète de monté une collection de poissons rouges empaillés.
Avec presque trois cents spécimens trouvée grâce a une toile d’araignée tissée de correspondants du monde entier, le poisonrougeophile devins une éminence en matière de petite bête a nageoire écarlate, ses temps libres étaient consacrés a sa deuxième passion, en dehors du vélo, il ne vivait et ne parlais que branchie et écaille rubis, une sommité en la matière de le dire.
Les deux formaient un couple atypique, lui éternel contemplateur, en permanence a rêver dans sa poissonnerie sentant la naphtaline , elle, matrone d’un grand magasin de tissus juste à côté du marchand de vieux bijoux, a l’angle de la rue du bourreau, avec cinq vendeuses sous la coupe, la maison tournait a la baguette comme un lupanar bien huilé.
Leurs esprits se rejoignaient dans le manque d’enfants, ni l’un n’en a jamais voulu à l’autre,
L’un donnait et l’autre recevait, c’était bien ainsi qu’il concevait l’amour.
Alors, pour calfeutrer l’absence, la tante Marcelle, organisait les jeudis après-midi, des gouters télévisions sans fil, ou les marmots du quartier se retrouvais pour regardés « le club du jeudi »dans la boite magique.
Et pendant un temps ce n étais que crie de joie, rigolade, et tape dans le dos pour une jeunesse gavée par tant de bien-être en un seul coup, le salon lilas retrouvait vie avec une euphorique humanité.
Une tartine de beurre sucrée et un verre de grenadine par convive, un oreiller sous les fesses.
Le temps passait a regardée les dessins animés, les chants, et surtout mon moment préférer… la séance de bricolage, alors les yeux river sur le poste, moi je ne ratais rien, pour q’une foi rentrer dans ma chambre, refaire a l identique ce que le présentateur en noir et blanc fabriquait de ses mains.
L’améliorer, le montrer au copain avec fierté le jeudi suivant, et l’offrir à la tante pour voir rougir sa joue de maitresse femme !!!
Je crois avoir découvert le gout de la bricole et du beurre sucré a cette époque la, j’ai tous de suite aimé.
Depuis je suis devenue tailleur d’images en mouvement, dans mes œuvres il y a souvent un peut de « Paulo », beaucoup de « Marcelle », et une grande dosse « de club du jeudi ».
Je me souviens que Joëlle m'avait guidé vers tes textes.
· Il y a plus de 11 ans ·Depuis, je suis devenu tailleur de mots :)
Bon retour !
Mathieu Jaegert