La tarte aux olives.

Pour s'occuper, on faisait que se laver les mains et l'amour aussi. Par précaution natale, je déposais mon éjaculation sur son ventre ou parfois à l'entrée de sa bouche. On avait déjà assez fait d'enfants pour pouvoir en mettre un peu de côté. Cependant, une chose me chagrinait : je trouvais que mon sperme était moins blanc, moins soyeux qu'avant, qu'il se rependait sans éclat, de façon plutôt terne.

- T'en penses quoi ma chérie ?

- Sans devoir te vexer, tu as raison. Il est moins épais aussi... mais rassure-toi, il a toujours son petit-arrière goût de Gigondas !

- Tu penses que c'est normal ?

- Pour le Gigondas ?

- Non, pour son côté terne ?

- Je ne sais pas, je connais que très peu d'hommes de ton âge !

Sans le vouloir, Betty venait de mettre un terme à cette conversation. Sa réponse m'avait laissé dans une telle expectative que ma voix s'était engloutie sous mes amygdales : j'hésitais entre la jalousie et la maladie. Étaient-ils plus jeunes ? Etais-je malade ?

- Tu dis plus rien mon cœur ?

Par doute et intéressement à mon chiffre d'affaire, je tapais en cachette de Betty et sur ma machine, quelques mots clés :

« J'ai le sperme un peu transparent »

Sur le site d'érection.fr, l'on me répondait ceci :

« … le sperme est plus blanc lorsqu'il est très concentré, riche en plasma séminal et en spermatozoïdes. Lorsqu'il est moins concentré, il devient plus transparent. Ce qui est le cas si les rapports sont très fréquents car le corps n'a pas le temps de reconstituer un sperme aussi épais et opaque. Mais de nombreux facteurs peuvent modifier la proportion de ses divers composants, comme l'hydratation, le régime alimentaire… et l'âge. »

Tel sur un psaume de l'évangile selon Saint Matthieu, je relisais consciencieusement et à voix basse cette dernière ligne: « De nombreux facteurs peuvent modifier la proportion de ses divers composants, comme l'hydratation, le régime alimentaire… et l'âge. »

Je ne cessais de me répéter ces 3 derniers mots tant ils semblaient avoir été transcrits à mon intention. Dans une linéature un peu désespérée, j'analysais les raisons de cette litanie.

L'hydratation :

Il est vrai que je bois peu... ou tout du moins de ce que d'ordinaire la médecine entend par boire : de l'eau. Betty dit que si je devais pour une raison quelconque remplacer Johnny Depp pour reconstituer le miracle de Cana dans un Martin Scorsese, qu'une palette de côtes-du-Rhône ne me suffirait à tourner la scène. Betty aime le cinéma pour surtout ses acteurs.

Le régime alimentaire :

Étant donné que depuis plus d'une quinzaine de jours nous mangions plus en dehors des repas, plus lyophilisé et plus en conserve que frais, il allait de soi que je n'allais pas non plus faire Top Model chez Balmain ! Et puis j'aime pas la mode, elle renvoie une image que je ne peux contrôler.

L'âge :

là, cher lecteur, je dois avouer que je ne sais à quelle hauteur de barre le corps médical place celle-ci, bien que chez l'animal le vétérinaire estime que le chien peut baver jusqu'à la fin de ses jours et qu'une chatte peu pubère se laisser caresser par affection et soutien moral jusqu'à plus soif.

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