la triste mine

lhauboit

-La grise mine-

Il est bien souvent comme moi,

Parfois prolifique, plein de joie,

A d'autres occasions, muet, silencieux.

Et pourtant, il n'est pas vraiment vieux.

Je l'ai retrouvé, un jour, dans mon garage,

Posé sur un coin de mon établi, il m'attendait, bien sage.

Après l'avoir observé un moment, je le pris entre deux doigts,

Et après l'avoir dépoussiéré, le soupesait, avec émoi.

Il est comme dans mes souvenirs, long, droit et fin,

Et de l'avoir retrouvé, m'ouvre l'esprit, me redonne faim.

Faim d'entreprendre, et de jongler, entre expressions et rimes,

Là, ce n'est point du travail, et pourtant, avec plaisir, je trime.

Sa robe, vert d'eau, maculé de restes de graisse,

Est magnifique, et de la nettoyer, je m'empresse.

Je saisis un canif, et lentement, pour ne pas le blesser,

J'entame la taille de sa "triste mine", rabougrie et usée.

J'en ai fini, c'est terminé, il est acéré, pointu,

Prêt à reprendre le combat, qui l'eut cru ?

Il court, s'arrête, repart de plus belle sur cette feuille,

Jouant avec les mots, évitant les écueils,

Les pièges de notre belle langue française.

Savez-vous de qui je parle...si oui, j'en suis fort aise !!!

Je suppose que vous l'avez reconnu, cet ami inconnu,

Qui nous accompagne tous, écrivains, apprentis ou reconnus.

Il s'agit de mon crayon, mon fidèle compagnon,

Qui de ratures en brouillons, se livre avec passion,

Ecrit ces textes, tout bêtes et teintés d'émotion.

Sa vie n'est pas éternelle, et au fil des ans,

Je le vois rapetisser, et devenir moins grand...

Car au fil des tailles, surgissent de ses copeaux,

Des foules de textes, remplis de jolis mots.

Il vous salue bien bas, vous tous, amis lecteurs,

Et espère, avoir, une fois de plus toucher votre coeur.

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