La vie contre l'horreur

charlenerb

Pensée pour les victimes des attentats du 22 février 2016 à Bruxelles.

C'est un matin comme tous les matins, j'inspire j'expire, je ressens chacun de mes membres, j'écoute les bruits de la maison. Dans la pièce à côté, j'entends mon fils qui s'agite, le bruit de ses draps qui se froissent, ses petits pieds nus sur le plancher. Je me lève, je vois sa petite tête qui dépasse par la porte entrebaillée, ses yeux encore lourd de sommeil, son sourire malicieux. 

"Bonjour maman

- Bonjour mon chat, tu as bien dormis?"

Il acquiesce et nous partons ensemble, mains dans la mains, silencieusement jusqu'à sa chambre pour qu'il s'habille.

Vient le tour de sa soeur, même rituel, même yeux endormis, même sourire malicieux. Je la soulève de son lit à barreaux, elle se blottit tendrement contre moi. Je respire sa chaleur, savoure ce moment de communion entre elle et moi.

Mais déjà il faut se dépêcher : déjeuner, habiller la petite, me préparer, compléter le sac, le cartable. Cavalcades dans les escaliers, dents brossées à toute vitesse. "On est quel jour maman, on fait la date?" Je prends un instant pour lire avec lui les lettres qui forment le nom de la journée : M-A-R-D-I, fierté de ce petit homme qui connait son alphabet.

On s'installe dans la voiture, prêts à partir, doudous dans les bras, ceintures accrochées, il fait un peu froid mais on est emmitouflés. Et j'allume la radio.

Les nouvelles crachent leur flot d'horreur et de tristesse. Explosions, panique, terrorisme, blessés... On ne peut plus endiguer les vagues de mots qui envahissent l'habitacle. 

J'inspire. J'expire. En me tournant vers eux, je réalise la chance que j'ai. Nous sommes en vie.

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