LA VIE EN JAUNE

Sylviane Blineau

De l'amour à la mort...







LA VIE EN JAUNE





Première surprise : cette odeur prégnante d'épices dans l'air, dès la descente d'avion, jusque dans les couloirs de l'aéroport. Sur les murs, les plafonds, partout des panneaux publicitaires pharaoniques, toutes dorures dehors...

A ma main gauche luisait l'anneau d'or tout neuf que tu venais de passer à mon doigt, juste avant cette croisière sur le Nil.

Nous sommes allés découvrir Le Caire, ville tentaculaire, bruyante comme un vaste chantier. Happés par une marée humaine, nous avons débouché sur un souk où  l'or étincelait par kilos dans les vitrines des minuscules échoppes.

Un parfum de curry flottait dans les étroits passages, les buveurs de thé assis à même le sol dévorant de leurs regards de velours les épaules nues de quelques touristes blondes.

Moi, je fondais doucement à l'évocation de notre amour. Je l'imaginais infini..

Brusquement, je ressentis une sorte d'abandon : tu avais en ligne de mire une jeune beauté locale. Tu t'éloignais imperceptiblement, subjugué, indifférent.

Fut-ce l'odeur troublante des épices ?

Ma jambe gauche s'enroula à ton pied droit. Déséquilibré, tu basculas. A terre, le sang coulait de tes lèvres en un lent gargouillis.

Mais je t'ai pardonné, mon amour, puisque me voici, dans un imperméable cuivre, agenouillée sur ta tombe. Je t'ai apporté des roses jaunes - tes préférées - pour célébrer notre amour que je sais maintenant éternel.

Signaler ce texte