La ville comme un oeuf

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Réfléxion sur l'avenir des axes de circulation dans la ville de Demain

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Les nouvelles proximités dans la ville de Demain


La ville comme un oeuf



La ville est-elle un oeuf ? La mécanique d’un oeuf non fécondé est simple, attardons-nous sur le procédé.

La coquille d’un oeuf de poule est poreuse permettant à l’oeuf de respirer, le CO2 est rejeté et l’O2 est absorbé à travers le système vasculaire de la coquille.

Le blanc de l’oeuf, appelé aussi « Albumen » contient les réserves d’eau et de protéines, il est aussi celui qui va protéger et absorber les chocs extérieurs pour l’embryon. C’est donc une zone tampon qui a pour seul but de nourrir et protéger la partie centrale de l’oeuf.

Le jaune de l’oeuf, appelé aussi « Vitellus » , est la partie qui contient la nourriture de l’embryon, elle contient tous les éléments nutritifs riches qui permettront de nourrir l’embryon pendant la gestation.

A l’intérieur de la poche de jaune se trouve « Le point blanc » cellule indifférenciée qui se transformera en nouvel être vivant si fécondée.

En définitif l’oeuf est un système incroyable permettant la création de la vie, système présentant des similarités extraordinaires avec la façon dont nous avons créé et transformé nos villes.

Pourtant l’oeuf n’est qu’une étape, un outil, vers une sublimation : la création de la vie. 


Nous avons construit la ville comme un oeuf, composée de deux couches, le jaune, le centre ou hyper-centre, et le blanc, la banlieue.

Pour relier ces deux couches nous avons créé des systèmes de circulation efficaces, ensuite nous avons créé des systèmes de circulation encore plus performants pour nous relier aux autres oeufs/villes.

Pourtant la ville telle que nous la connaissons est une étape vers une nouvelle forme, une sublimation. Notre but alors en tant qu’acteur de la ville est d’accompagner vers cette sublimation.


Regardons les enjeux auxquels doit faire face la ville de Demain. Aujourd’hui sept milliards, presque 10 milliards en 2050 (Source Ined : 9,731 milliards d’habitants en 2050) sur Terre, la ville doit augmenter sa capacité à accueillir de plus en plus de population en même temps qu’elle doit apprendre comment gérer et faire accepter la masse urbaine. Par masse urbaine, qu’entendons-nous ? Revoyez-vous prendre le métro à Paris dans une voiture bondée, le bruit, les odeurs, les regards, ne surtout pas croiser le regard de quelqu’un d’autre, les portes s’ouvrent à votre arrêt, les personnes à quai essayent de rentrer alors que nous n’êtes vous-même pas encore sorti, vous vous laissez emporter par la masse, la masse urbaine.

Alors que la ville devrait nous inspirer « Ensemble nous sommes plus forts », nous ne pensons qu’à « Ensemble nous devons nous supporter » à cause de cette masse fluctuante et toujours présente. Nous nous rendons compte que la ville a suivi une dynamique de construction qui nous pousse de plus en plus à devenir insupportable les uns pour les autres, la ville comme triste reflet de nous-mêmes.

Alors pour combattre cette dynamique nous devons l’accepter pour mieux la faire dévier, comme dévier une rivière.

Un des grands chantiers de la ville de Demain est de supprimer les zones de stress quotidiennes auxquelles sont confrontés ses habitants afin de mieux nous permettre de vivre ensemble.

Première zone de stress urbain : la voiture. Dans quelques temps il nous paraîtra ahurissant que nous ayons laissé des engins aussi bruyants, polluants, aussi peu efficients en terme de transport et aussi dangereux envahir nos zones urbaines. Piloter un de ces engins dans une grande ville est un usage extrêmement stressant, d’autant plus que des milliers d’humains en conduisent juste à côté de vous. Sur l’autel du Dieu Automobile nous avons sacrifié tous nos axes de circulation laissant au courageux piéton un couloir d’un mètre et demi appelé « trottoir ».

Heureusement sont apparus tramways, métros, vélos et autres pour circuler à l’intérieur de la ville, du métro nous pouvons tirer une leçon évidente, la surface de la ville n’a pas destiné à nos moyens de transport les plus dangereux. De cette leçon nous avons tiré une autre conclusion, l’avenir de l’automobile n’est pas dans son pilotage par l’humain, et les technologies à venir nous libérerait de ce fardeau. Google, par exemple, a récemment acheté le service de commande de taxi « Uber » et lançera bientôt un système de voitures sans pilotes, proposant ainsi un système où on peut commander son transport, auto-piloté, par smartphone. Google élimine ainsi le stress de la conduite, automatisant le transport individuel.

La prochaine étape est de prendre tous les axes routiers existants et soit de les enterrer ou soit de les élever mais nous ne pouvons pas nous permettre de réserver autant d’espace à un seul usage. La surface de la ville alors libérée de ses axes routiers, et donc de l’infrastructure routière, redeviendra un espace de découverte et de rencontres. À terme, la ville, libérée de la voiture et de tout ce que celle-ci implique, peut-être avancera un peu plus vers sa sublimation.

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