La voix de l'ange

mathieub

En remontant suffisamment loin dans votre mémoire, vers l'âge de onze ans approximativement, peut-être vous souviendrez-vous de vos leçons d'histoire de cette lointaine classe de sixième. On y étudie encore de nos jours l'antiquité grecque, et sa multitude de divinités toutes plus spécialisées imbriquées les unes que les autres. De cette ribambelle, un seul pour le petit garçon que j'étais alors sortait réellement du lot. Un seul semblait avoir le pouvoir de rivaliser avec le Dieu de mon éducation, tout seul mais si puissant... Arès.

Dieu de la guerre. Et plus précisément divinité symbolisant la folie guerrière qui sommeille en chaque être humain, ce côté brutal, plus qu'animal, destructeur, gratuitement violent.

En grandissant, Arès et tous ses collègues grecs, romains, égyptiens, incas et autres sont partis se loger dans un petit tiroir au fond de ma mémoire, comme tant d'informations engrangées durant ces looooongues années d'études. Rien ne se perd...

Et un jour il a surgit lors d'une occasion disons exceptionnelle. Non pas de ma mémoire, mais de mon esprit, il en a pris possession et fait la seule chose qu'il sache faire. J'ai mis des années à m'en remettre et à le refouler, à le faire taire définitivement croyais-je.

Des années de bonheur, de joies simples comme la venue au monde de mes enfants l'ont muselé. Mais est-ce l'usure de la vie, les humiliations, les privations, l'accumulation ininterrompue de témoignages de vies brisées, ou simplement la fatigue et la douleur chronique d'aimer sans retour ? Toujours est-il qu'il est revenu.

Ou presque.

Mon Arès personnel était sur le point de me faire exploser en morceaux quand un ange m'est apparu. Non, je ne suis pas un mystique, loin s'en faut. C'est plus précisément la voix d'un ange qui a terrassé le monstre, en quelques mots presque anodins échangés par téléphone. Plus de vingt années que je n'avais entendu cette voix. Je connais et aime son verbe écrit, mais sa voix claire et franche m'a fait l'effet d'une cure bienfaisante. Elle est mon ange au sens salvateur. Il fallait que je l'écrive. Merci à toi, sw-p.   

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