L'absente
alexandra-basset-9
Les gens me parlent et je me sens séparée d'eux par un mur de ouate épais. Leurs paroles me parviennent assourdies, atténuées. Leurs préoccupations, que d'habitude j'ai tendance à faire miennes, m'indiffèrent désormais ; elles ne m'évoquent rien et sombrent dans un écho aphone.
Je flotte, détachée de la vie comme un décalcomanie qu'on aurait arraché trop vite, laissant derrière lui quelques traces flétries et désunies.
Cette absence a été précédée par un trop plein, une implosion. Alors avant de totalement disjoncter, par mesure de protection, mon corps et mon esprit se sont débranchés. Par un automatisme bien rôdé, j'ai été happée hors du mouvement incessant de la vie. Dans un espace où le temps n'existe plus et où l'environnement est un décor en carton pâte. Je ne peux plus rien absorber venant de l'extérieur. Le point de saturation est atteint.
Et dans ce même mouvement de retrait par rapport à l'extérieur, j'ai aussi été déconnectée de ma propre intériorité. C'est comme si l'ampoule de la pièce avait brusquement éclaté, me laissant seule dans le néant. C'est le repos forcé, l'esprit ne suit plus. Il est en jachère et a besoin de repos. Les émotions sont brouillées ainsi que les idées. Le sonar s'est éteint, je ne sais où je vais, alors je me laisse couler dans ces profondeurs silencieuses.
Les oiseaux migrent, j'aimerais qu'ils m'emportent avec eux.
L'idée de l'esprit en jachère est bien vue, et sans doute la meilleure.
· Il y a 10 mois ·Jeter du leste et flotter dans l'air, car tout redeviendra chouette.
Se vider l'esprit, voire même ne rien faire, ne rien penser du tout, arrêter de se torturer.
Christophe Hulé