Petite bouffée délirante

scribleruss

Les histoires du sablier

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Petite bouffée délirante

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  Tiens pourquoi pas. Je lâche la bride de mes chiens, mes doigts courez sur le clavier, allez, soyez fous que me racontez-vous, l'histoire de ce vieil homme aux pieds nus dans ses tongs tel un moine, qui dix fois par jour sort de chez lui rentre chez lui, ressort, rentre et m'épuise, c'est le printemps bien loin encore mais qui montre le bout d'un museau vert par petites échappées ici et là, mais aujourd'hui pourtant tout est gris tout est froid, je tourne en rond dans ma cellule capitonnée, mais l'amour ? tu t'es vu quand t'as bu, non mais je me vois quand je suis nu, impossible, mais l'avenir ? une croix dessus, ma vie en voie d'achèvement ? quelle vie vaut d'être vécue, ce qu'il en reste, le résidu ou celle de Carlos Ghosn dans sa prison, vaut-il mieux être dans sa cellule des mois encore sachant que l'attendent à terme une liberté ou une incarcération relative mais d'or éblouissantes, ou vaut-il mieux être vieux, fauché et doté de la liberté du béret, de la baguette de pain et du verre de rouge, qui ne se meut chaque jour que dans l'espace désormais du couloir de la mort, car il faut bien le dire le vieux est un mort vivant qui déambule, et qui traîne en marchant les casseroles de son passé, de son présent de son à venir, et ses ferrailles tintinnabulent sur les bitumes des trottoirs énervant les gras vivants tout imbus de leur longévité, voilà donc le mauvais tour que vous me jouez sales chiens, disgracieux doigts arthritiques, c'est tout ce que vous me donnez à espérer, j'aurais mieux fait de ne pas vous lâcher, allez on rentre, venez, venez vite, votre pâtée vous attend, venez mes doigts que je vous crème, venez ma plume que je ne tremperai plus dans l'encre de vos yeux vénéneux .....

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Mercredi 19 janvier 2018 15.10 Texte modifié à 16.42

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